Vécu par tous, le contexte actuel de crise sanitaire et de confinement n’est pas sans risque pour la santé psychique de la population, avec notamment un risque accru d’addictions, que ce soit une consommation de substances (tabac, alcool, cannabis, etc.) ou des comportements addictifs (jeux, alimentation, etc.).
Dans une note destinée aux psychiatres, le Center for the Study of Traumatic Stress (CSTS) alerte sur « les réactions psychologiques » face à l’épidémie : développement d’une « souffrance émotionnelle » (insomnie, anxiété, sursollicitation des soins par peur de la maladie) et « des comportements à risque (consommation accrue d’alcool et de tabac, altération de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, isolement social, augmentation des conflits familiaux et violence) ».
Surconsommation et crise de manque
L’incertitude ambiante active en effet de nombreux facteurs de risque favorisant les pratiques addictives. « Le risque est de voir une augmentation des troubles de l’humeur avec une aggravation de formes de dépression et des troubles bipolaires, mais aussi une détérioration de l’hygiène de vie, avec un nouveau rythme veille/sommeil, notamment. Ce sont autant de facteurs associés aux pratiques addictives », avertit le Dr Alexis Peschard, addictologue et président de GAE Conseil (cabinet de prévention des pratiques addictives en milieu professionnel).
À l’inverse, le risque est également de voir émerger des phénomènes de crise de manque, liée à la difficulté d’accéder à certains produits. « Pour les consommateurs de substances illicites, des syndromes de sevrage peuvent apparaître et aboutir à une sollicitation des services d’urgence déjà encombrés, poursuit le Dr Peschard. Il est essentiel d’identifier les risques pour ne rien ajouter à la crise sanitaire. » Dans un contexte de stress et d’anxiété, autres terreaux de consommations et de comportements à risque, il faut s’attendre à l’apparition « de formes aiguës, sur le court terme, et de formes chroniques chez de nouveaux patients, sur le moyen terme, s’inquiète l’addictologue. Ces patients nécessiteront une prise en charge post-crise dans la durée ». La note du CSTS dresse un constat similaire : « Une minorité d’individus développera des troubles qui nécessiteront des soins formalisés », observe l’institution.
Une prise charge adaptée
Afin de limiter les risques, la prévention est nécessaire pour « éviter que les difficultés s’enracinent, conseille le Dr Alexis Peschard. A minima, les médecins peuvent, lors des consultations ou téléconsultations, rappeler les standards de consommation [deux verres par jour et pas tous les jours pour l’alcool, N.D.L.R.] ».
Pour les patients avec des difficultés connues avant la crise sanitaire, une attention particulière doit être portée au risque d’automédication avec des substances psychoactives. Pour les patients suivis en psychiatrie, le CSTS recommande « des contacts plus fréquents pour répondre aux préoccupations émergentes et aider à éviter des exacerbations ou des hospitalisations graves ».
Il est également nécessaire de s’assurer que « les patients ont suffisamment de médicaments (deux semaines d’avance) pour éviter toute interruption thérapeutique ». Pour ceux suivis pour addiction, les praticiens peuvent relayer les initiatives mises en place par les associations, comme celle du Pr Michel Reynault et du site Addict Aide, qui héberge notamment un forum animé par des patients experts.
D’une manière générale, le soutien des patients pendant l’épidémie et le confinement passe par l’information et la correction des fausses informations. Le CSTS invite ainsi les médecins à « encourager les patients à limiter l’exposition aux médias », à « s’informer auprès de sources fiables » et à « informer sur les réactions au stress ».
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