Etre débordé est en passe de devenir synonyme d’indisponibilité tout comme gourmand a pris la place d’appétissant… Ce ne sont plus les personnes qui consomment en excès la provende qui sont qualifiés tels, mais bien les légumes, les fruits, les desserts qui sont « gourmands » (De mon temps on disait un « coin pourri » maintenant on dit : un « microclimat »… De mon temps on disait « un sale gosse » maintenant on dit :« un enfant hyperactif »… De mon temps on disait « un gros gueulard » maintenant on dit : « quelqu’un qui aime bien terminer sur une note sucrée »), de même quelque chose d’intéressant reflète moins, à l'heure actuelle la portée universelle de la chose en elle même, que la part subjective de celui qui la qualifie telle…
Comme un argument d’autorité la plupart des conversations assènent en préambule un : « C’est intéressant ! », ne laissant pas à l’auditoire la liberté de l’estimer redevable de ce qualificatif, trahissant par là bien souvent, la vacuité de leur argumentaire. (On est dans le fameux : « Ecoutez ! » de Jacques Chirac, censé, à la fois mobiliser l’attention vacillante des journalistes en fin d’interview, et servir de mesure dilatoire à l’avènement d’une réponse plus maîtrisée).
Les médecins devraient être assistés parce que débordés ?(Lit t-on partout et nous incite t-on à penser). Débordés comme un fleuve en crue ? Sortis de leurs gonds ? Incapables de répondre à la demande ? Ne pouvant faire face à ce pourquoi ils ont été formés ?
Se qualifier « débordé » nimbe l’égo du médecin d’un « J’ai tellement de travail car je suis tellement bon médecin, que ma reconnaissance universelle est en passe de devenir celle d’Hippocrate et de Gallien réunis », mais suppose que nous soyons amputés des capacités professionnelles propres à répondre à la prise en charge du patient.
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