Chaque mois, des centaines de photos d'escarres, de brûlures ou de cicatrices postopératoires s’accumulent sur les smartphones des hospitaliers. Pour organiser cette « photothèque » médicale et proposer une base de données sécurisée permettant de vérifier, au jour le jour, l’évolution des plaies, un chirurgien plasticien, un ingénieur et un entrepreneur se sont réunis en 2019 pour lancer Pixacare.
Cette plateforme de suivi des pathologies cutanées – utilisée dans une dizaine d’établissements hospitaliers – permet de prendre en photo la plaie du patient, via le téléphone du médecin, puis d’analyser son évolution presque automatiquement, grâce à l’intelligence artificielle. « Nos algorithmes analysent la plaie ou la cicatrice grâce à un marqueur colorimétrique et centimétrique », explique Matis Ringdal, cofondateur de Pixacare. Fibrine, bourgeonnement, nécrose : « l’outil identifie les différents tissus présents et leur répartition par pourcentage, pour une analyse standardisée. Il est capable de mesurer l'agrandissement ou non de la plaie », ajoute le PDG de Pixacare.
Au service de chirurgie plastique et reconstructrice du CHU de Lille, l’appli a séduit l’équipe soignante. Depuis le démarrage en 2020, près de 1 500 patients ont pu être suivis et 6 000 photos stockées. « Nous avons ensuite étendu son utilisation au service de dermatologie et de grands brûlés », raconte Mathias Charlet, responsable du programme santé connectée du CHU de Lille, qui imagine une extension au centre hyperbare, pour le suivi des pansements ainsi qu'en diabétologie.
« Une fois la photothèque médicale constituée, c’est une mine d’informations, qui permet de développer la télésurveillance au domicile des patients », ajoute Mathias Charlet. Pixacare génère un QR code partagé entre le patient et son infirmière libérale – ou son médecin traitant – qui permet d’envoyer des photos en temps réel aux équipes du CHU. Si la plaie se dégrade, le chirurgien est immédiatement informé.
Chaque année, les plaies chroniques coûteraient trois milliards d’euros à l'Assurance-maladie. Avec 25 000 patients déjà photographiés par l’appli, Pixacare espère obtenir un statut de dispositif médical pour son algorithme d’aide à la décision. « Puis, l’objectif sera d’aller vers un remboursement », anticipe Matis Ringdal.
De son côté, le CHU de Lille imagine, à terme, intégrer les photographies générées par Pixacare au dossier informatisé du patient « pour qu’un dermatologue ou un oncologue ait, en consultant la séquence de photos, une vue globale du parcours du patient ».
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols