« Vu du foie, le vin est bien de l'alcool ! » Le feuilleton, ouvert après l''intervention d'Agnès Buzyn sur France 2 le 7 février dernier, continue avec cette tribune publiée aujourd'hui dans « le Figaro » et cosignée par 9 professionnels de santé et membres d'association. Les signataires en appellent à la responsabilité des élus, du gouvernement et à celle du président de la République. Ils les enjoignent à « s'attaquer au tabou de l'alcool », réclamant la mise en œuvre d'un plan national alcool.
« On a laissé penser à la population française que le vin serait protecteur, qu'il apporterait des bienfaits que n'apporteraient pas les autres alcools. C'est faux scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre », écrivent le Pr Amine Benyamina (président de la Fédération française d'addictologie, FFA), le Pr Michel Reynaud (président du Fonds action addiction), le Pr Nicolas Simon (président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, ANPAA), Bernard Basset (vice-président de l'ANPAA) mais aussi le Pr Gérard Dubois (santé publique, Académie de médecine), le Pr Serge Hercberg (nutritionniste), le Pr Albert Hirsch (pneumologue), le Dr Irène Frachon (pneumologue) et l'épidémiologiste Catherine Hill.
Rappeler les évidences scientifiques
Ainsi entendent-ils soutenir la ministre de la Santé « dans sa courageuse prise de position sur l'alcool » face à un gouvernement qui « nie les évidences scientifiques et se montre plus sensible aux intérêts de l'alcool qu'à l'intérêt général », soulignent-ils. Leur tribune fait aussi écho à celle publiée le 22 février dans le même journal par « l'Académie du vin de France » appelant Agnès Buzyn à cesser « de diaboliser le vin, qui est une part de la civilisation française ».
Contre les déclarations de Christophe Castaner, secrétaire d'État aux relations avec le Parlement et du président Emmanuel Macron, lui-même, en faveur d'une exception du vin, ces professionnels assènent : « Zéro différence du point de vue du foie… C'est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. »
Et de rappeler quelques évidences scientifiques et quelques chiffres. Ce qui compte, en termes de toxicité, ce n'est pas le type mais la quantité d'alcool. Or la France se distingue par une consommation qui, bien qu'en diminution, « reste l'une des plus fortes d'Europe avec 12 litres d'alcool pur consommés par adulte annuellement, soit 26 grammes par jour » ; le vin représente 60 % de cette consommation. Quant aux conséquences, elles se traduisent en termes de mortalité (500 000 décès par an), de morbidité (seconde cause de cancers après le tabac) mais aussi sociétales (violences familiales, conjugales et sur la voie publique…).
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