Élu samedi 13 décembre à la tête du Syndicat des médecins libéraux (SML) avec 57 % des voix, le Dr Éric Henry, généraliste de secteur I à Auray (Morbihan), 53 ans, veut continuer le combat contre la loi de santé. Il affiche de hautes ambitions pour le SML dont il veut faire un syndicat « puissant et professionnel ».
LE QUOTIDIEN : Quelle est la première priorité du nouveau président du SML ?
DR ÉRIC HENRY : C’est de réussir le mouvement de fermeture des cabinets du 23 au 31 décembre. Il s’agit de montrer à l’État que, lorsque les libéraux ne sont pas sur le terrain, ça pose un gros problème à la population. Quand on n’est pas là, ça se voit !
Nous offrons une médecine à "taille humaine" alors que l’hôpital est un lieu de médecine de masse. Le gouvernement voudrait qu’on applique cette médecine de masse à tout ce qui existe en dehors de l’hôpital. Nous, nous répondons « médecine à taille humaine, liberté de choix des patients ».
Au-delà, quels sont vos projets à moyen et long terme ?
Le système conventionnel s’essouffle. Ce que nous avons signé en 2011 n’est plus à la hauteur des enjeux. Il faut négocier une nouvelle convention médicale. Mais pour cela, il faut l’appui des autres syndicats. Au SML, nous appelons toujours à dénoncer cette convention, mais d’autres syndicats pensent que ce n’est peut-être pas le moment, et n’ont pas la même lecture des conséquences de cette éventuelle dénonciation.
Déclenche-t-elle par exemple immédiatement de nouvelles élections professionnelles ? C’est toute la question. Il faudrait que l’assurance-maladie nous donne également sa lecture.
Votre élection est-elle le signe que le SML va adopter un ton beaucoup plus incisif ?
Nous avons eu un grand bouleversement qui a été la signature par le SML de l’avenant 8 [sur le contrat d’accès aux soins et les sanctions contre les tarifs abusifs NDLR], à l’époque du Dr Jeambrun. La base n’avait pas décidé ça! Roger Rua [président sortant] a donc pris la tête d’un syndicat stressé, avec des gens qui le quittaient. Après, la pente a été un peu lente à remonter. Les moyens mis en œuvre pour reprendre le contact avec le terrain étaient insuffisants. Il aurait fallu repenser notre façon de communiquer avec nos adhérents, les médecins et l’ensemble des professionnels de santé, et surtout réinvestir le terrain.
Quid des relations du SML avec la CSMF ? Le lien semble un peu distendu...
Lors de mon élection, mon premier appel a été pour Jean-Paul Ortiz, patron de la CSMF. Cela a été très chaleureux, et je lui ai dit que nous allions continuer à travailler ensemble.
Certains disent que vous êtes un peu « agité »…
Je peux entendre toutes les critiques du monde sur ma personnalité. Ceux de mon syndicat ont compris qui j’étais, et que j’allais brancher le turbo. Ma force, c’est que je n’ai pas d’état d’âme sur ce que les gens pensent de moi. J’entends leurs critiques et je les admets. Oui, mon arrivée perturbe, mais je perturbe pour être constructif, et ça marche ! Je veux sortir de ce syndicalisme artisanal et entrer dans un syndicalisme puissant et professionnel.
Vous êtes médecin de secteur I. Ça change quoi quand on préside le SML ?
Ça change énormément de choses ! On dit qu’au SML, il n’y a que des secteur II, alors élire un secteur I, c’est faire preuve d’une grande largesse d’esprit. Cela montre qu’ils ont vraiment confiance.
Il faut dire qu’il est difficile d’en faire plus que moi. J’ai mon cabinet de médecine générale à Auray, je fais mes gardes de nuit et de week-end, je fais des gardes de régulation téléphonique au SAMU, et je fais en plus effecteur de nuit en voiture sur la moitié de mon département.
On m’accuse souvent d’être hyperactif ! Je vais me libérer un peu pour être physiquement présent au SML, mais je continuerai à exercer, et à faire toutes mes gardes. Il faudra bien faire bouillir la marmite ! Je ne peux pas abandonner comme ça ma patientèle, d’autant que j’aime ce métier de généraliste. Je continuerai donc à exercer deux jours et demi par semaine sans oublier la régulation, et l’effection la nuit et les week-ends.
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