Nutrition infantile

La perfection est possible…

Publié le 04/07/2014

Les résultats du second volet de l’enquête Nutri-Bébé sur les apports nutritionnels des enfants de 0 à 3 ans, conduite en partenariat avec le Credoc* et à l’initiative du SFAE**, sont éloquents. Les parents peuvent mieux faire, et les médecins les guider.

Ainsi, à 3 ans, les apports protéinés sont en moyenne à plus de 40 g par jour, soit 4 fois les apports considérés comme adéquats ; au-delà d’un an, 95 % ont des apports en sel supérieurs aux recommandations européennes (Autorité européenne de sécurité des aliments [ELSA]) et à l’inverse, plus de 80 % des enfants ont des apports en lipides, et en particulier les acides gras indispensables (linoléique et alphalinolénique), inférieurs à ce qu’ils devraient être. Même constat pour les apports en fer qui, dès un an, deviennent inférieurs aux apports conseillés pour la moitié des enfants.

Les apports nutritionnels ont été, pour les besoins de l’enquête, très précisément mesurés à l’aide d’un carnet de bord alimentaire sur trois jours, quantités exhaustivement évaluées à l’aide d’une balance et de tables photographiques, puis corrélées aux apports nutritionnels par une diététicienne grâce à des tables de composition nutritionnelle (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail [Anses] et SFAE). Au total, des données robustes qui permettent de confirmer les excès et les insuffisances d’apport entre 0 et 36 mois, liés notamment à une introduction trop précoce d’aliments inadaptés constatée lors du premier volet, comportemental, de ce travail (présenté en novembre 2013).

Or, ces excès et ces insuffisances à un âge d’intense construction ne sont pas sans conséquences pour la santé de l’enfant… « Les lipides par exemple sont indispensables (les besoins d’un nourrisson sont 4 à 5 fois plus élevés que pour l’adulte) qui sont une source d’énergie importante et contribuent à la structure des membranes cellulaires, des neurones notamment », indique le Dr Jean-Pierre Chouraqui, pédiatre, nutritionniste et gastro-entérologue au CHU de Grenoble. Et il pointe la lipidophobie parentale qui les conduit à proposer à leur enfant du lait demi-écrémé quand ils optent pour le lait de vache et à ne pas ajouter de matières grasses (huiles de colza ou d’olive) dans les préparations maison. Autre conséquence délétère, pour éviter une dette énergétique, ils compensent en donnant davantage de sucres (simples) et de protéines.

À l’origine de l’apport excessif de protéines, le recours au lait de vache dès la diversification (deux fois plus protéique que le lait deuxième âge) et, à un moindre degré, une consommation trop fréquente de produits laitiers (fromages et petits-suisses –une hérésie nutritionnelle ! -, riches en calcium certes, mais aussi en protéines) et de charcuterie (le jambon). « À la clé, des reins trop sollicités, entraînés par la charge osmotique (4 fois) plus élevée, qui s’épuisent à la tâche… », prévient-il.

Le "trop de sel" produit les mêmes effets sur le rein, avec vraisemblablement à long terme un risque augmenté d’hypertension artérielle.

Enfin, le déficit en fer (au cœur de la fabrication et du fonctionnement de l’hémoglobine), qui vient de l’abandon des laits infantiles au profit du lait de vache, a des effets sur la croissance (le fer étant l’un de ses cofacteurs), sur les défenses vis-à-vis des infections (alors moindres), peut-être sur les performances cognitives. « Le lait de croissance (240 à 360 ml par jour) permet à l’évidence, constate le Dr Chouraqui, de compenser les aléas de l’alimentation, nés de la diversification et du déficit d’éducation en la matière des jeunes parents ».

* Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie

** Secteur français des aliments de l’enfance

D’après la conférence de presse SFAE du 27 juin

Dr Brigitte Blond

Source : lequotidiendumedecin.fr