Selon un pré-rapport médical demandé par le Conseil d’État dont le contenu est révélé par l’AFP, l’état de conscience de Vincent Lambert s’est « dégradé » et ses lésions cérébrales semblent « irréversibles ». Les médecins chargés du rapport, les Prs Marie-Germaine Bousse, Lionel Naccache et Jacques Luauté qualifient de « mauvais » le pronostic clinique de Vincent Lambert, 38 ans, tétraplégique, en état végétatif chronique depuis cinq ans.
Vincent Lambert avait déjà été examiné par les médecins du « Coma science group » de Liège (Belgique) en juin 2011, qui avaient procédé à une série de tests pour évaluer son état de conscience. Les médecins avaient alors conclu à un état de « conscience minimale consolidé », sans espoir d’amélioration. Contrairement aux constatations faites lors de cette dernière expertise, les examens menés par les experts désignés par le Conseil d’État « n’ont jamais mis en évidence de réponse permettant de parler d’un état de conscience minimale » chez Vincent Lambert, ce qui suggère selon les auteurs du rapport « une dégradation » de son état de conscience, selon la source citée par l’AFP.
Peu de chances d’amélioration
Les lésions cérébrales dont souffre Vincent Lambert depuis son accident de la route en 2008 ont toujours selon le rapport « toutes les caractéristiques de lésions irréversibles » et plusieurs facteurs « rendent très peu probables les chances d’amélioration » de l’état végétatif du patient.
Les médecins, qui ont procédé à neuf reprises à un examen clinique de Vincent Lambert, ont notamment procédé à des examens à l’hôpital parisien de la Salpêtrière et se sont également entretenus avec l’ensemble des parties.
Ces conclusions viennent conforter la décision prise, après plusieurs mois de réflexion, par le CHU de Reims d’arrêter d’alimentation et l’hydratation artificielles de Vincent Lambert. Une décision contestée par les parents, contrairement à d’autres membres de la famille qui ont soutenu l’équipe médicale conduite par le Dr Éric Kariger.
Son épouse Rachel et son neveu François, qui se disent déterminés à respecter les dernières volontés de Vincent Lambert, ont pour cela saisi le Conseil d’État dans l’espoir que le jugement du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne du 16 janvier qui avait décidé le maintien en vie, à la demande des parents, soit annulé.
Un document de travail
Le pré-rapport précise que les « réactions » de Vincent Lambert aux soins qui lui sont prodigués ou aux stimulations, sont « non-conscientes » et ne peuvent être interprétées dans un sens ou dans l’autre. Il indique en outre que Vincent Lambert n’est « pas en mesure d’établir une communication fonctionnelle avec son entourage ». Toutefois, les auteurs de ce pré-rapport restent prudents, estimant que le degré de l’atteinte de la conscience de Vincent Lambert « ne saurait constituer le seul élément déterminant de la mise en route d’une réflexion concernant un éventuel arrêt du traitement » et donc une suspension de l’hydratation et de l’alimentation artificielle qui maintiennent en vie le patient.
Les médecins-conseils des différentes parties doivent émettre un avis sur ce pré-rapport – elles ont jusqu’au 16 mai pour le faire – avant que les experts ne rendent leur rapport définitif au Conseil d’État. La plus haute juridiction administrative devra alors rendre sa décision après un débat contradictoire prévu probablement dans le courant du mois de juin. « Ce n’est qu’un document de travail, ce n’est pas le rapport définitif qui pourra révéler d’autres choses », a expliqué à l’AFP Jean Paillot, l’avocat des parents de Vincent Lambert, tout en regrettant « les fuites dans la presse d’éléments qui relèvent du secret médical et qui sont préjudiciables à la sérénité de la justice ».
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