C’est une expérience peu commune à laquelle se sont livrés des alpinistes de haut vol et l’équipe de Mario Siervo de l’Institut du vieillissement et de la santé de l’université de Newcastle. Leurs résultats parus dans « PLOS One » ont permis de comprendre qu’un des mécanismes responsables du diabète 2 passe par le stress oxydatif causé par l’hypoxie. Au cours d’une expédition, en 2007, les chercheurs britanniques ont mesuré le niveau de glucose, la variation du poids et les marqueurs de l’inflammation de 24 grimpeurs lors de leur passage dans un camp de base situé sur les contreforts de l’Everest, à 5 300 mètres d’altitude. La moitié de ces patients un peu spéciaux sont ensuite montés en haut des 8 848 mètres de la célèbre montagne népalaise, tandis que l’autre moitié est restée au camp de base. Une autre série de mesures a été effectuée dans chacun des deux groupes au bout de six et huit semaines.
Un niveau d’insuline augmenté de 200 %
Cette expérience devait, à l’origine, fournir des données sur l’hypoxie et les performances humaines à des altitudes extrêmes qui auraient dû servir à améliorer les soins des patients en soins intensifs pour qui l’hypoxie est un problème majeur. Les chercheurs ont remarqué que, alors que le niveau de glucose restait stable, les niveaux d’insuline et peptide C avaient augmenté de plus de 200 % en moyenne, tandis que les marqueurs du stress oxydatifs comme le 4-HNE et de l’inflammation comme l’interleukine-6 augmentaient. Les auteurs en ont déduit qu’un faible niveau d’oxygène sanguin était corrélé à une augmentation de la résistance à l’insuline.
Ces résultats sont cohérents avec les théories récentes qui voudraient que les tissus adipeux des patients obèses soient considérés comme étant dans un état d’hypoxie légère, à cause de la trop faible taille des vaisseaux sanguins qui les irriguent. Un des mécanismes qui expliquerait le surrisque de diabète des patients en surpoids se trouverait ainsi élucidé. Ces résultats suggèrent en outre qu’il serait possible d’agir sur le diabète de type 2 et s’attaquant au stress oxydatif.
Mario Siervo et al, Effect of Prolonged Exposure to hydrobaric Hypoxia on Oxidative Stress, Inflammation and Gluco-Insular Regulation : The Not-So-Sweet Price for Good Regulation, PLOS One, publication en ligne du 14 avril
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature