Pas question de traîner : dans ses habits neufs de président de l’UMESPE (branche spécialiste de la CSMF), le Dr Patrick Gasser, gastroentérologue à Nantes, a présenté mercredi une feuille de route ambitieuse pour 2014, exposant une bonne demi-douzaine de « priorités d’action ».
La place du médecin spécialiste libéral dans le parcours de soins est source de vive inquiétude. Le Dr Gasser appelle de ses vœux un vrai « rééquilibrage des moyens » afin que les spécialistes libéraux puissent prendre en charge demain des transferts de l’hôpital vers la ville (chirurgie ambulatoire, sorties précoces d’hospitalisation...). « On parle trop peu des spécialistes dans la stratégie nationale de santé », regrette-t-il, expliquant qu’il n’y aura pas de parcours de soins complet et « sans rupture » si la médecine spécialisée libérale n’est pas intégrée dans la boucle.
Coût de la pratique
Malgré un contexte financier qu’il sait très contraint, le nouveau président de l’UMESPE se montre offensif sur le front des honoraires. Redoutant l’« enlisement » de la CCAM clinique (réforme et hiérarchisation des consultations), le Dr Gasser promet de mettre l’assurance-maladie « sous pression » et réclame la revalorisation « immédiate et impérative » de ces disciplines au bas de l’échelle des revenus. L’extension de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) est également exigée pour les endocrinologues et les pédiatres.
Côté « techniciens », le Dr Gasser ne se satisfait pas des revalorisations « insuffisantes » programmées dans l’avenant 8 (1er mars, 1er juillet). Il demande que s’ouvre, là encore « dès 2014 », une négociation sur la valeur des actes techniques et le « coût de la pratique », sans exclure sur ce point des modulations géographiques (« ce n’est pas pareil dans l’Orne et à Paris »).
Le contrat d’accès aux soins de modération tarifaire, signé par 11 000 médecins ? Il devra « évoluer, être adapté à la situation des grandes villes », avance le Dr Gasser. Il exhorte les complémentaires santé à solvabiliser systématiquement les compléments d’honoraires des signataires de ce contrat, « sans remettre en cause le secteur II ». La vocation du CAS est de se « généraliser », analyse-t-il, ce qui suppose davantage de confiance des spécialistes. Sur l’ensemble du chantier des honoraires, l’UMESPE juge incontournable une « revalorisation significative du secteur I dès 2014 ».
Faire des choix
Si ce volontarisme syndical est de bonne guerre à l’aube d’un mandat, le cahier de doléances de l’UMESPE risque de se heurter à la réalité économique. A ce jour, une seule négociation a été programmée par la CNAM en 2014 : celle sur les rémunérations d’équipe (et la coopération interpro) qui commencera début avril et devrait se terminer en juillet. « Si on veut faire de l’ambulatoire et donner des moyens à la ville, il faudra bien faire des choix et prendre à l’autre secteur [l’hôpital public]. Tous les établissements devront se restructurer », réplique le Dr Patrick Gasser.
Le président des spécialistes confédérés cite trois autres dossiers : la rémunération de tous les médecins spécialistes participant à la PDS en établissement (« ce n’est pas une activité bénévole ») ; la promotion de l’entreprise médicale libérale (auprès des jeunes) ; et la consolidation des liens avec l’hospitalisation privée, respectant le paiement à l’acte et le paiement direct du praticien par le patient.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature