En plein débat sur l’observance, alors que des associations viennent de demander à Marisol Touraine de renoncer à« l’assurance-maladie conditionnelle », la Fondation Concorde publie, à la demande d’Observia, opérateur de services e-santé, un livre blanc sur le sujet coordonné par le docteur en psychologie clinique, Denis Fompeyrine.
Seulement la moitié des patients suivent et respectent leur traitement dans la durée, selon ce document. Dans le détail, le taux d’observance médicamenteuse varie selon les pathologies. De 75 % à 80 % pour les transplantations cardiaques (à un an), ou 60 à 70 % pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, il chute à 54 % pour les maladies cardiovasculaires, 48 % pour la transplantation rénale, et varie de 31 à 87 % pour le diabète, ou de 54 à 88 % pour le VIH.
Coût : 2 milliards d’euros par an
Le coût de la non-observance s’élève en France à 2 milliards d’euros annuels, le nombre de journées d’hospitalisation induites atteint le million, et 8 000 décès seraient directement liés, peut-on lire.
Les facteurs de non-observance sont multiples : difficultés matérielles et pratiques, symptômes d’intolérance, mais aussi oubli, lorsque le patient n’est pas convaincu de l’efficacité de son traitement, éprouve de la lassitude, voire cherche à exprimer son libre arbitre, précise le livre blanc.
Des programmes existent déjà pour améliorer l’observance, comme les rappels par SMS. Ainsi, à l’hôpital de la Timone à Marseille, le dispositif a permis d’abaisser à 15 % le taux de non-observants après angioplastie coronaire. Des moyens de simplification (piluliers « intelligents », hotlines) aident les patients à se retrouver dans leur traitement, tout comme des programmes d’éducation thérapeutique (comme les entretiens pharmaceutiques) ou motivationnels.
Consultations cliniques complexes
La Fondation Concorde émet six propositions pour améliorer l’observance - à commencer par l’évaluation de son impact à travers une étude épidémiologique, une étude économique et une dernière sur l’efficacité des programmes existants.
Pour les médecins, le livre blanc suggère d’ajouter le risque de la non-observance aux critères des consultations cliniques complexes (avec critères de durée, de complexité du sujet, stress généré et gravité de la situation) et d’augmenter la part de psychologie médicale au cours de la formation initiale et continue.
Pour les patients, le renforcement des programmes d’éducation et d’accompagnement pour les maladies chroniques est préconisé. L’importance d’individualiser les dispositifs de gestion du traitement est soulignée. Et l’information du public devrait être renforcée par l’intégration dans les notices des médicaments d’avertissements portant sur les risques de non-observance.
La Fondation suggère la création d’un « observatoire de l’observance » pour en évaluer le coût et anticiper les dépenses. Elle préconise la prise en compte (y compris en terme de remboursement) des programmes d’observance dans les soins et traitements.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature