Alors que le Sénat débute ce mardi l’examen du projet de loi relatif à la consommation, le monde médical se mobilise contre un amendement au texte, qui prolonge la validité des ordonnances de lunettes de trois à cinq ans et supprime l’obligation de prescription pour les lentilles.
Le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) est le premier organisme professionnel à avoir tiré la sonnette d’alarme, après l’adoption en commission des Affaires économiques de cet amendement, en juillet. Ceci « sans avis de la commission des Affaires sociales, sans aucune sollicitation des instances sanitaires ni évaluation des risques sur la santé des Français, alors même que [ce texte] modifie en profondeur le fonctionnement du système de soins et de prévention », peste aujourd’hui le Dr Jean-Bernard Rottier.
Le président du SNOF juge « irresponsable » la décision d’« augmenter la consommation de produits de santé en dérégulant leur distribution au nom de la libre concurrence ». « L’intérêt supérieur du patient doit prévaloir sur le business des grandes enseignes commerciales, ajoute-t-il à l’attention des sénateurs. Le code de la Consommation ne peut pas se substituer au code de la Santé ! »
Le dépistage en question
L’Académie française d’ophtalmologie partage l’inquiétude du SNOF. L’allongement à cinq ans de la validité de la prescription médicale de verres correcteurs est une mesure qui « diminuerait la prévention et le dépistage des pathologies oculaires », écrit l’organisation représentative des professionnels libéraux, hospitaliers et universitaires, des sociétés savantes et instances syndicales dans un communiqué. « Les délais de rendez-vous actuels des ophtalmologistes ne sont pas un argument recevable » pour voter en faveur d’un tel amendement, estiment par ailleurs les académiciens.
À propos de l’abandon d’ordonnance pour les lentilles de contact oculaires, l’Académie rappelle que ces dispositifs médicaux peuvent entraîner « des pathologies variées de la surface oculaire, dont certaines très graves comme les abcès cornéens risquant de conduire à la perte fonctionnelle, voire anatomique, de l’œil ». Dès lors, il serait « incompréhensible de faire preuve d’un plus grand laxisme pour la délivrance des lentilles alors qu’elles sont des dispositifs médicaux plus à risque » que les lunettes.
Tentative de démédicalisation pour la CSMF
La CSMF appelle à la suppression de toutes les mesures « qui concernent directement la santé et qui n’ont rien à […] faire » dans un projet de loi relatif à la consommation. Le syndicat présidé par le Dr Michel Chassang dénonce une « tentative de démédicalisation de la santé visuelle » autant qu’une « hérésie en matière de santé publique ».
Les sénateurs ont jusqu’à vendredi pour examiner l’intégralité du projet de loi.
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