Pour celui qui, depuis de nombreuses années, a travaillé sur les conséquences psychiques du chômage et de la crise, le phénomène nouveau – surtout traduit par les interventions des deux finalistes, François Hollande et Nicolas Sarkozy – est que, désormais, il est urgent de prendre en compte les conséquences de la souffrance sociale.
« Leur diagnostic est juste, même s’ils n’utilisent pas les mêmes mots et n’y apportent évidemment pas les mêmes thérapeutiques », résume le Dr Furtos (1) : la question de la « protection » d’une bonne partie de la population, « souffrante », est posée avec clarté.
À gauche, ainsi, un François Hollande semble rêver d’une « France mère nourricière et aimante, qui protège ses enfants, et où chaque citoyen pourrait vivre, dans la confiance, à la fois apaisé et fier ».
« L’angoisse » de certains de nos concitoyens
Pour Nicolas Sarkozy, de l’autre côté, c’est « l’angoisse » de certains de nos concitoyens, frappés par la précarité, et qui ont choisi de voter aux extrêmes, à laquelle il convient désormais de trouver des réponses. « Il y a deux ans, Martine Aubry avait lancé dans le débat le concept anglo-saxon du care, "prendre soin", j’ai l’impression que les deux grands leaders, chacun à leur façon, entendent réactualiser cette idée : ils semblent avoir, en ce sens, entendu la souffrance psychique liée à la situation économique et au chômage de masse qui frappe nombre de nos concitoyens », ajoute le psychiatre lyonnais.
Aujourd’hui, note-t-il, la ligne de fracture passe principalement par le logement : les travaux de l’Observatoire en attestent depuis plusieurs années, ajoute-t-il, « et si la population a accepté l’idée du chômage massif, durable, la vraie ligne de partage, la véritable condition de la (ré)insertion, pour les malades mentaux comme pour tous les citoyens, passe par le domicile : avoir un toit, une adresse ». Pas un hasard, donc, si l’Observatoire organise le 3 juillet à Villefontaine (Isère), avec la Direction générale de la santé, un colloque national sur cette question.
(1) Le Dr Furtos est président de l’Observatoire national des pratiques en santé mentale et précaire ; il préside aussi l’Observatoire régional Rhône-Alpes sur la souffrance psychique en rapport avec l’exclusion (ORSPRE).
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