« EN 2010, on a enregistré 6 300 découvertes de séropositivité et, malgré les 5 millions de tests réalisés, il resterait de 40 000 à 50 000 personnes infectées qui l’ignorent. Certaines populations restent aussi particulièrement touchées par l’épidémie. Nous ne pouvons pas l’accepter et c’est tout l’objet du Plan de lutte contre les VIH-Sida et IST 2010-2014 », souligne Xavier Bertrand. Évoquant les nombreuses actions actuellement menées, Nora Berra précise : « Nous agissons à tous les niveaux : celui du dépistage, de la prévention, de la prise en charge médicale, de la prise en charge sociale, et de la recherche. »
Reste que de nombreuses voix s’élèvent pour appeler à une plus forte mobilisation au niveau national comme au niveau international.
Exclusion et discrimination s’aggravent.
Le CNS demande aux pouvoirs publics de promouvoir davantage la prévention et le dépistage et de s’assurer « d’une meilleure mise en œuvre » du plan, « notamment en faveur des populations particulièrement exposées ». Le Conseil affirme constater « que des dispositifs ou des situations d’exclusion ou de discrimination perdurent, et dans certains cas s’aggravent au détriment de plusieurs catégories de populations et ce en dépit des avis convergents des experts et de la mobilisation de la communauté de lutte contre le VIH/sida ». Et de citer : les étrangers en situation irrégulière exclus de la couverture universelle et qui rencontrent de nombreux obstacles à l’accès à l’aide médicale d’État (AME), les étrangers malades atteints de pathologies graves qui se voient opposer des restrictions à la délivrance d’un titre de séjours pour raison médicale, les prostituées contraintes à des conditions de vie et d’exercice dégradées, les détenus usagers de drogues qui ne bénéficient pas des mêmes dispositifs de réduction des risques infectieux qu’en milieu libre, les usagers de drogues en situation de vulnérabilité qui ne bénéficient pas d’une offre de réduction des risques suffisamment adaptée, étendue et diversifiée. « Ces populations, rappelle le CNS, sont celles qui sont le plus exposées aux maladies infectieuses » et elles devraient bénéficier de solutions adaptées, « condition nécessaire pour changer radicalement le cours de l’épidémie ».
Quel candidat pour la fin du sida.
L’association AIDES entend profiter de l’élection présidentielle pour demander également « la mise en œuvre d’une politique volontariste et ambitieuse » fondée sur une approche globale résumée par le slogan, protéger + dépister + traiter = fin du sida et interpelle chacun des prétendants : « Serez-vous le candidat de la fin du sida ? ». Un sondage CSA réalisé par l’association, « Libération » et France Inter montre que 87 % des Français jugent que garantir un traitement à tous les porteurs du virus du sida doit être pour le prochain gouvernement une priorité de santé publique. Une forte majorité (91 %) déclare que « l’égalité d’accès aux soins pour tous » doit être une action prioritaire du prochain président et 72 % souhaitent que soient mises en œuvre des mesures permettant d’assurer « la réduction des frais de santé pour les personnes en grande précarité ». Ils sont 73 % à se dire « très » ou « plutôt opposés » à l’expulsion d’un étranger résidant en France atteint du sida s’il n’a pas accès au traitement dans son pays d’origine (6 % sont très favorables à leur expulsion et 17 % plutôt favorables). Les Français sont aussi plutôt favorables (66 %) à la mise en place de dispositifs d’échanges de seringues dans les prisons françaises et 86 % estiment que les personnes incarcérées doivent bénéficier des mêmes garanties d’accès aux soins que le reste de la population.
AIDES et l’association ONE interpellent aussi le gouvernement sur l’action internationale de la France et, comme le Conseil national, demande que la France contribue pleinement à la réalisation des objectifs 2011-2015 fixés par la communauté internationale : zéro nouvelle infection, zéro discrimination, zéro décès dû au sida. La France doit « reconquérir la position de leader mondial de la lutte contre le VIH/sida qu’elle a longtemps occupée », souligne le CNS. « La France doit impérativement augmenter son aide publique au développement comme elle s’y est engagée et mettre en œuvre une taxe sur les transactions financières », estime-t-il.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature