La mort subite en cas de trouble du rythme ventriculaire grave, notamment en cas de tachycardie ventriculaire (TV) après un infarctus myocardique, était autrefois inéluctable. La mise au point des défibrillateurs externes en a fait une pathologie curable en phase aiguë. Pour traiter ces événements rythmiques quand ils surviennent à distance de la phase aiguë, le défibrillateur automatique implantable (DAI) a été mis au point. Il ne constitue toutefois qu’un traitement curatif des crises lorsqu’elles surviennent.
Le traitement préventif de ces arythmies peut faire appel à un traitement antiarythmique ou à l’ablation par radiofréquence du foyer arythmogène, après cartographie ou « mapping » électro-anatomique endocavitaire lorsque le patient est en rythme sinusal spontané ou lors d’un entraînement électro-systolique ventriculaire.
L’étude SMASH-VT avait montré l’intérêt d’une ablation préventive par radiofréquence chez les sujets ayant un défibrillateur implantable (1). L’étude VTACH a ensuite montré qu’à deux ans, le délai des récidives des troubles du rythme ventriculaire graves est plus long en cas d’ablation par radiofréquence dans le cadre d’une cardiopathie ischémique post-infarctus, les chocs délivrés de manière appropriée moins nombreux et les hospitalisations moins souvent nécessaires (2).
Électro-aimants et joystik.
La réalisation pratique de l’ablation est toutefois délicate, en raison notamment de l’anatomie du tissu de conduction cardiaque, qui est complexe. P. Neuzil et coll. (Prague, République tchèque) ont mis en œuvre une étude multicentrique destinée à évaluer l’intérêt du pilotage de l’électrode endocavitaire par navigation magnétique (3). L’électrode, placée à l’extrémité d’un cathéter magnétique, est ainsi pilotée par des électro-aimants et sa mise en place est réalisée de manière informatisée, avec une « souris » ou un joystick, en fonction des données du mapping. L’habileté de l’opérateur est alors moins indispensable que pour une mise en place « classique ».
Le cathéter ainsi guidé par navigation magnétique a pu, dans cette étude préliminaire, permettre l’ablation de 91 % des tachycardies ventriculaires de la série des 33 patients, qui sont devenues non inductibles par stimulation électrophysiologique.
Au total, pour l’auteur, la navigation magnétique apparaît sûre et efficace et la navigation est beaucoup plus facile. Le devenir à long terme des patients ainsi traité reste toutefois à préciser, bien évidemment.
D’après la communication de P. Neuzil (Prague), congrès de la Société européenne de cardiologie, Paris, 28 août 2011.
Références
(1) Reddy V. et coll. : Prophylactic catheter ablation for the prevention of defibrillator therapy. « N Engl J Med » 2007 ; 357 : 2657-65.
(2) Kuck K.H. et coll. Catheter ablation of stable ventricular tachycardia before defibrillator implantation in patients with coronary heart disease (VTACH) : A multicenter randomized controlled trial. « Lancet » 2010 ; 375 : 31-40.
(3) Neuzil P. et coll. STOP-VT : a multi-center trial to evaluate catheter RF ablation with magnetic navigation for ischemic ventricular tachycardia. « Eur Heart J » 2011 ; 32 (Abs. Suppl.) : 179.
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