Ce n’est pas nouveau, la densité mammaire est associée à un risque accru de cancer du sein. Ce n’est donc pas le fait que les seins très denses (≥ 50%) ont un risque de cancer multiplié par 3,39 par rapport à ceux qui le sont très peu (‹ 10%) qui retient l’attention dans l’étude du Dr Rulla Tamimi et coll. à Harvard. Non, bien plus étonnant, les chercheurs ont identifié pour la première fois certains sous-types tumoraux plus agressifs associés à une densité mammaire élevée, d’après les données d’une large cohorte d’infirmières américaines, la Nurses’ Health Study.
Il s’agit de tumeurs de plus haut grade, de plus grande taille (› 2 cm), et plus souvent négatives pour les récepteurs à l’estrogène, ce qui n’avait jamais été suggéré dans les études précédentes, de plus faible puissance. A contrario, il est apparu que la densité mammaire était associée à des cancers in situ plutôt qu’à des invasifs. Et aucune relation n’a été retrouvée avec d’autres facteurs d’agressivité, tels que l’atteinte ganglionnaire et le statut HER2.
Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont comparé 1 042 femmes ménopausées ayant eu un cancer du sein entre juin 1989 et juin 2004 à 1 794 témoins appariées. La densité mammaire était classée en 5 groupes différents :< 10 %, 10 %-24 %, 25 %-49 %, 50 %-74 % et ≥ 75 %). Il s’était écoulé en moyenne 4,8 ans entre la dernière mammographie de dépistage et le diagnostic de cancer, et 4,2 ans pour les témoins entre la mammographie et le rendez-vous de référence.
Pour expliquer l’association aux tumeurs in situ, les auteurs suggèrent que le manque de sensibilité de la mammographie en cas de forte densité soit à l’origine de davantage de biopsies. « Nos résultats suggèrent que la densité mammaire influence le risque de sous-types tumoraux par différents mécanismes », précisent-ils. Concernant la négativité pour les récepteurs à l’estrogène, malgré la puissance de l’étude bien meilleure que les précédentes, ils émettent quelques réserves en évoquant la possibilité d’un « effet masque ». « Il existe une atténuation des rayons X similaire entre les tissus tumoraux et denses, ce qui peut expliquer une non-détection et la progression à un stade plus avancé et plus agressif », commentent des cancérologues de Seattle dans un éditorial. Ces résultats suggèrent que de nouveaux modèles prédictifs pourraient voir le jour et ouvrir ainsi la porte à des mesures préventives.
« J Natl Cancer Inst » 2011; 103:1-11. DOI:10.1093/jnci/djr225.
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