« À la lumière de nos conclusions, des essais randomisés de très bonne qualité évaluant la morbidité et la mortalité sont nécessaires afin d’établir la meilleure approche visant à abaisser la glycémie chez les sujets atteints de diabète de type 2. » C’est ainsi qu’une équipe française de Lyon conclut sa métaanalyse aux résultats relativement surprenants. De fait, Catherine Cornu et ses collaborateurs ont constaté, à la lecture de 13 études, que le traitement intensif du diabète de type 2, opposé au traitement standard, n’apporte qu’un bénéfice limité sur la mortalité toutes causes et sur celle d’origine cardio-vasculaire. Toutefois, il fait régresser le risque d’infarctus non fatal et de microalbuminurie.
Les chercheurs lyonnais, assistés d’un Canadien, ont lancé leur métaanalyse à la suite des résultats discordants de diverses études. Certaines relevaient des taux élevés d’hypoglycémies et de prise de poids, d’autres évoquaient plutôt une réduction des complications rénales et microvasculaires.
Au total, le travail a porté sur 34 533 patients, dont 18 315 sous traitement intensif et 16 218 sous thérapeutique standard. Il apparaît que le traitement intensif affecte peu la mortalité toutes causes, avec un rapport des risques de 1,04, ainsi que celle d’origine cardio-vasculaire, rapport des risques de 1,11. En revanche, le risque d’infarctus du myocarde non fatal s’abaisse à 0,85 et celui de microalbuminurie à 0,90. Ce bénéfice s’accompagne du doublement du taux de survenue d’hypoglycémies sévères, rapport des risques à 2,33.
Ces résultats sont tempérés par l’impossibilité qu’ont les auteurs « d’exclure une réduction de 9 % ou une augmentation de 19 % de la mortalité toutes causes, ainsi qu’une réduction de 14 % ou une élévation de 43 % des décès d’origine cardio-vasculaire ».
Analysés autrement, les chiffres montrent que sur une période de 5 ans, de 117 à 150 patients doivent être traités intensivement pour éviter un infarctus et de 32 à 142 pour éviter un épisode de microalbuminurie. Dans le même temps, une hypoglycémie sévère arriverait tous les 12 à 52 patients.
Si ce travail tire l’une de ses forces de sa puissance statistique, il se trouve affaibli par l’hétérogénéité des études analysées : objectifs glycémiques variables, protocoles d’essais et durées de suivi.
La conséquence clinique, selon l’équipe, est la nécessaire vigilance lors des tentatives intensives de réduction glycémique. L’escalade thérapeutique devrait être prudente et limitée.
« British Medical Journal », édition en ligne, doi: 10.1136/bmj.d4169.
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