Malgré leurs bénéfices, les thérapies de l’insuffisance cardiaque ne ciblent pas les causes sous-jacentes ; dès lors, l’IC progresse inexorablement ; la moitié des patients en IC terminale décèdent dans les cinq ans.
L’équipe des Drs Most et Walter Koch (Université Thomas Jefferson de Philadelphie) s’intéresse depuis quinze ans à la protéine S100A1 qui, dans les cardiomyocytes, contrôle le cycle calcium intracellulaire et fonctionne ainsi comme un régulateur inotrope positif de la contractilité myocardique.
Au cours de l’insuffisance cardiaque chez les humains et les animaux, les taux de S100A1 dans les cardiomyocytes diminuent progressivement, parallèlement à la baisse de la fonction contractile.
Il y a cinq ans, l’équipe montrait que la réparation de ce déficit moléculaire chez la souris par injection du gène S100A1 réussissait à restaurer la fonction cardiaque en améliorant les fonctions du réticulum sarcoplasmique et de la mitochondrie.
Dans une nouvelle étude, l’équipe a évalué la thérapie génique dans un modèle animal plus proche de l’homme : un modèle porcin post-ischémique d’IC, récapitulant les caractéristiques cliniques de l’IC humaine.
L’IC a été induite chez des cochons en obstruant par ballonnet une artère coronaire gauche, provoquant de ce fait un infarctus du myocarde. Deux semaines après, lorsque les cochons présentaient une insuffisance ventriculaire gauche contractile importante, ils ont reçu la thérapie génique AAV9-S100A1 dans le myocarde ventriculaire gauche non infarci par le biais d’une injection coronaire veineuse rétrograde.
Les résultats à quatorze semaines sont probants. Tandis que les cochons témoins (recevant l’injection d’AAV9-luciférase ou de solution saline) présentent une baisse importante des taux myocardiaques de la protéine S100A1 ainsi qu’une mauvaise performance cardiaque et un remodelage ventriculaire néfaste, la thérapie génique AAV9-S100A1 prévient et améliore ces changements fonctionnels et structurels en restaurant les taux cardiaques de la protéine S100A1. Cette thérapie S100A1 normalise le cycle calcium du cardiomyocyte, la prise en charge du calcium par le réticulum sarcoplasmique et l’équilibre énergétique.
La procédure semble sûre : l’expression du gène thérapeutique n’est pas détectée en dehors du cœur et aucun effet secondaire n’est observé.
« Science Translational Medicine », 20 juillet 2010, Pleger et coll.
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