En 2004, les autorités gouvernementales ont mis en place un plan de prévention des légionelloses pour endiguer l’augmentation continue de la maladie infectieuse depuis 1997. Succès : le nombre de cas n’a cessé de baisser jusqu’en 2010, où l’InVS observe une inversion de tendance inquiétante : 1 540 cas ont été répertoriés, sur la base des données de la déclaration obligatoire recueillies par les agences régionales de santé (ARS). C’est une augmentation de 28 % après une diminution de 21 % entre 2005 et 2009. Le taux d’incidence, de 2,4 pour 100 000 habitants, est même revenu au niveau de 2005.
Si l’interprétation de cette brutale explosion est difficile, l’InVS note la stabilité des caractéristiques des cas ainsi que des personnes atteintes au cours de la période 2005-2010. Ainsi, le gradient Ouest-Est s’est accentué, avec une forte augmentation dans l’Est (en particulier dans les régions Franche-Comté et Alsace, avec des incidences respectives de 6,2 et 5,4 pour 100 000). Les malades restent des personnes vulnérables : l’âge médian des cas est de 62 ans et celui des cas décédés de 72 ans. L’incidence est proportionnelle au vieillissement (elle est de 7,4 pour 100 000 chez les plus de 80 ans). La légionellose a par ailleurs touché 369 femmes et 1 171 hommes.
Trois quarts (74 %) des cas présentent au moins un facteur de risque connu, au premier rang desquels le tabagisme (pour 43 % d’entre eux), le diabète (18 %), une hémopathie, un cancer, ou une immunosuppression. La létalité stagne autour de 11,7 % (159 décès), comme les autres années.
Pas d’épidémie.
Sans surprise, 98 % des cas prennent la forme de Legionella pneumophila sérogroupe 1. Comme en 2008 et 2009, aucune épidémie (à partir de 10 cas ayant une source commune de contamination) ne s’est déclarée. Les ARS ont néanmoins mené plusieurs investigations de cas groupés (moins de 10), sans pour autant isoler une source commune de contamination, même si les réseaux d’eau sanitaires sont souvent en cause.
L’InVS souligne la bonne réactivité des partenaires pour prévenir ces cas groupés. Néanmoins, elle indique plusieurs perspectives d’évolution. Le lien entre la survenue des cas et les variations environnementales (taux d’humidité, température…) devrait faire l’objet de recherches, comme l’identification des nouvelles sources de contamination possibles. L’institut recommande enfin d’étudier l’évolution de l’exhaustivité de la déclaration obligatoire et les éventuelles disparités régionales.
* Étude de Christine Campèse, Sophie Jarraud, Catherine Maine, Didier Che.
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