L’AUTORITÉ européenne de sécurité des aliments (EFSA) devait, à la demande de la Commission européenne et en collaboration avec l’ANSES, se prononcer sur les deux études qui avaient récemment mis en doute l’innocuité de l’aspartame. La première, réalisée par le Dr Soffritti et coll., concluait à la cancérogénicité de l’aspartame capable d’induire des cancers du foie et du poumon chez des souris mâles ; la seconde, conduite par Halldorsson et coll. chez 59 334 femmes enceintes, mettait en évidence une association entre la consommation de boissons gazeuses contenant des édulcorants et l’augmentation du risque d’accouchement prématuré. Dans les deux cas, les experts ont estimé qu’il n’y avait pas d’éléments susceptibles de remettre en cause les précédentes évaluations qui avaient conclu à la sécurité d’emploi de l’aspartame et des autres édulcorants autorisés en Europe.
Des résultats discutables et discutés.
« Les résultats de l’étude Soffritti (sur le potentiel carcinogène) ne fournissent pas suffisamment de preuves scientifiques qui justifieraient de revoir les évaluations précédentes de l’EFSA relatives à l’aspartame », précise l’EFSA. Les experts indiquent notamment qu’il est connu que l’incidence des tumeurs hépatiques et pulmonaires spontanées est élevée chez les souris suisses utilisées dans l’étude ; en outre, la survenue chez les souris de tumeurs hépatiques induites par des substances non génotoxiques comme l’aspartame, n’est généralement pas pertinente pour évaluer le risque chez l’homme.
À propos des résultats d’Halldorsson et coll., les experts soulignent la qualité de l’étude et concluent, en accord avec les auteurs eux-mêmes, que l’association mise en évidence ne concerne que le lien entre la consommation quotidienne de boissons non alcoolisées contenant des édulcorants et l’accouchement prématuré, ce qui ne préjuge en rien d’un lien de causalité entre consommation d’aspartame et accouchement prématuré. Des études complémentaires sont nécessaires.
Par ailleurs, l’AFSE précise que le risque était augmenté dans le cas d’accouchements provoqués sur décision médicale plutôt que spontanés. Là aussi, des travaux supplémentaires devraient tenir compte d’éventuelles variables confondantes et devraient en particulier explorer les raisons qui conduisent à une telle décision médicale.
L’Autorité européenne affirme qu’elle continuera « de suivre attentivement les publications scientifiques dans ce domaine afin d’identifier tout élément de preuve qui indiquerait un risque éventuel pour la santé humaine ou qui serait susceptible d’affecter, d’une manière ou d’une autre, les résultats des évaluations de la sécurité des édulcorants ». La dose journalière acceptable de 40 mg/kg de poids corporel est maintenue.
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