Un outil validé permettant d’évaluer en temps réel le risque de complication d’une pré-éclampsie faisait jusqu’à présent cruellement défaut. Un modèle, le fullPIERS (Pre-eclampsia Integrated Estimate of RiSk) vient de passer avec succès des tests de validation. Il permet d’identifier les femmes enceintes en pré-éclampsie à risque majoré jusqu’à 7 jours avant la survenue des complications. Il repose sur divers éléments cliniques et biologiques qui, une fois rapportés dans un tableau disponible sur Internet, https://piers.cfri.ca, calculent le risque. Une prévention adaptée à la patiente devient dès lors possible.
Les facteurs de risque identifiés au cours de l’étude menée par le groupe de chercheurs canadiens, Peter von Dadelszen et coll., reposent sur : l’âge gestationnel, des douleurs thoraciques ou une dyspnée, l’oxymétrie de pouls, le nombre de plaquettes, la créatininémie et le taux d’aspartate amino-transférase (ASAT).
Ces éléments clés ont été mis en valeur grâce à une étude prospective, multicentrique, réalisée auprès de 2 023 femmes enceintes admises soit pour une pré-éclampsie, soit en en ayant déclaré une au cours de leur séjour en maternité. Dans cette population, 261 patientes ont connu des complications de l’affection et, parmi elles, 106 (5 %) au cours des 48 premières heures d’hospitalisation. Le modèle fullPIERS a prédit avec une grande fiabilité la survenue des complications dans ces deux jours. Il conserve un bon niveau de performance jusqu’au 7e jour.
En pratique, expliquent les auteurs, la pré-éclampsie est bien plus qu’une hypertension avec protéinurie isolée. Il s’agit d’une inflammation systémique généralisée. Des protocoles permettant d’évaluer cet état inflammatoire ont déjà été associés à une réduction de la morbidité maternelle. C’est sur cette évaluation que se fonde fullPIERS.
L’étude a également permis d’éliminer, comme marqueurs du risque, certaines variables usuelles. Ainsi les dosages de l’ALAT et de la LDH semblent redondants. De même, celui de l’urée et les tests de coagulation sont jugés inutiles à leurs yeux. La simple hypertension ne peut être considérée isolément comme un facteur prédictif, peut-être parce qu’elle est le seul élément clinique accessible à un traitement. En revanche, dans la cohorte, l’âge gestationnel au moment de l’admission pour pré-éclampsie était significativement plus bas chez celles destinées à déclarer des complications. Le stade de la grossesse peut être considéré comme un élément prédictif péjoratif à lui seul.
L’intérêt de fullPIERS est multiple. Il permet de déterminer les femmes à risque le plus bas qui peuvent bénéficier d’une simple surveillance ; en identifiant celles à risque majoré dans les 48 heures avant les complications, il offre des possibilités thérapeutiques comme les stéroïdes ou l’induction du travail ; il contribue, enfin, à une meilleure compréhension de la physiopathologie de la pré-éclampsie. Testé pour l’instant au Canada, il demande à être validé dans les pays défavorisés, où il sera d’une utilité majeure.
« Lancet », doi:10.1016/S0140-6736(10)61351-7.
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