L’ART de Giuseppe De Nittis s’inscrit pleinement dans la modernité naissante de la fin du XIXe siècle, telle que la décrivait Baudelaire. La ville, les plaisirs mondains, la nature et ses beaux effets font partie des thèmes d’inspiration majeurs du peintre, à l’instar de ses amis Manet, Degas et Caillebotte. Figure marquante parmi les artistes italiens vivant à Paris dans la seconde moitié du XIXe siècle, De Nittis naît à Barletta en 1846 dans une famille de riches propriétaires terriens. Il s’installe définitivement dans la capitale française en 1873.
En une centaine de toiles et de pastels, l’exposition retrace la vie et l’œuvre du peintre italien qui sut saisir avec virtuosité la lumière méridionale (voir le « Rendez-vous dans le bois de Portici » et « la Route de Naples à Brindisi », remplis d’ombres dansantes et de taches de soleil). Dès l’origine, De Nittis porte un goût particulier aux paysages, qu’il compose avec beaucoup d’aisance et de sensibilité. Sa série de peintures du Vésuve est particulièrement intéressante. Ces compositions portent déjà en elles des traces de l’abstraction. On y voit des rochers aux formes simplifiées ou de petites touches aériennes de blanc et de gris figurant la fumée du volcan. De Nittis multiplie les scènes de plein air. Il représente sa femme dans des jardins romantiques ; il livre, dans ses marines et autres études de variations atmosphériques, « tous les secrets de l’air et du ciel dans leur essence intime », comme il le dit joliment ; à Londres, il répand des manteaux de lumière vaporeuse sur la Tamise, les palais et les ponts de la ville, s’inspirant de Whistler et de Turner pour leurs recherches sur la couleur, sur les reflets, sur les perceptions évanescentes…
Mais c’est vraiment à Paris que le pinceau de l’artiste exulte. Il y observe la vie quotidienne de la rue, son agitation, les reflets de lumière sur la Seine, les transformations urbaines et les grands travaux, les courses hippiques et les jeunes femmes qui y paradent dans de gracieuses toilettes… « De Nittis, c’est le vrai et le talentueux paysagiste de la rue parisienne », écrivait Jules de Goncourt en 1883. Dans un souci de simplification, le peintre des Pouilles compose tantôt des œuvres épurées et précises, et tantôt au contraire il entretient une impression de flou, d’inachèvement. Ses œuvres sont toujours équilibrées ; son style volontiers japonisant ; ses couleurs à la fois naturelles et réalistes, ou déjà avant-gardistes, pures et très affirmées.
Le pinceau de Giuseppe De Nittis est léger. Sa peinture enchante. Elle laisse voir une personnalité très attachante, un mariage de joie profonde et de mélancolie élégante. Un certain mystère aussi. Il y a quelque chose de proustien chez ce peintre transalpin.
Petit Palais-Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, 8e, tél. 01.53.43.40.00. Tlj sauf lundi, de 10 à 18 heures (jeudi jusqu’à 20 heures). Jusqu’au 16 janvier 2011. Catalogue, Éditions Paris Musées, 320 pages, 37 euros.
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