ÉDOUARD VUILLARD nous fait pénétrer dans les coulisses du théâtre de l’uvre et Degas dans la fosse de l’Orchestre de l’Opéra. James Barry offre une vision poignante du roi Lear pleurant sur le cadavre de Cordélia, Jacques-Louis David dépeint la douleur d’Andromaque, Delacroix imagine une Lady Macbeth somnambule, Honoré Daumier un Scapin savoureux et William Blake un Richard III entouré de spectres. Ce sont là quelques-unes des 200 uvres (peintures, dessins et maquettes de décors) réunies dans cette exposition au thème passionnant : quel rôle le théâtre et l’opéra ont-ils joué dans la création des peintres néoclassiques et modernes ?
Le parcours s’ouvre sur la fin du XVIII e siècle, période au cours de laquelle les artistes manifestent d’une manière récurrente leur goût pour les arts de la scène : les Français Girodet et David, ou Füssli et William Hamilton pour l’école anglaise se nourrissent des tragédies de Corneille, Racine et Shakespeare. Les peintres retranscrivent dans leurs toiles les figures des grands acteurs qu’ils ont vus sur scène, la théâtralité de certaines scènes historiques et mythologiques, ou encore croquent des morceaux de décors et d’architectures scéniques.
Au siècle romantique, Ingres, Delaroche et Hayez remettent au goût du jour le style troubadour, à travers des scènes d’Histoire très théâtralisées, tandis que Gustave Moreau (dont un ensemble d’uvres remarquables est rassemblé ici) multiplie sur ses toiles des personnages mythologiques, bibliques et autres créatures fantastiques ou séraphiques. Avec Daumier, l’univers théâtral (les acteurs, les coulisses, les spectateurs) est parodié et outré. Puis ce sont les nabis et l’aventure du théâtre de l’uvre. Maurice Denis ou Edouard Vuillard jouent un rôle déterminant dans la représentation picturale du théâtre idéaliste. Leurs uvres offrent un « prétexte à la rêverie », en rapport avec un théâtre en mal de sensations. L’exposition se clôt sur les avant-gardes et les abstractions scéniques d’Appia (« Tristan et Iseult », acte II) ou de Gordon Craig (maquette de décor construite pour « Hamlet », décors et costumes pour « Elektra » d’Hugo von Hofmannsthal…)
Vuillard avait l’ambition d’exprimer la « musique d’un tableau ». On pourrait dire devant les uvres exposées ici que la plupart d’entre elles parviennent également à traduire la musique d’une pièce. La musique du théâtre.
Musée Cantini, tél. 0810.813.813. Tlj sauf lundi, de 10 à 17 heures. Jusqu’au 3 janvier 2010. Catalogue, éd. Skira, 350 pages, 39 euros.
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