IL EST « le plus grand peintre vivant », disait Guillaume Apollinaire à propos de Pierre-Auguste Renoir (1841-1919). L’artiste jouit en effet d’une solide réputation sur la scène artistique du début du XX e siècle et de nombreux peintres de la jeune génération le célèbrent et s’en inspirent. On admire Renoir pour s’être imprégné des grands maîtres du passé (il fréquentait assidûment les salles du Louvre et les tableaux de Titien, Raphaël, Rubens…) et pour avoir assimilé de manière très personnelle leurs styles et leurs préceptes. On apprécie qu’il ait su dépasser et renouveler le mouvement impressionniste tout en ayant été l’un de ses plus illustres adeptes. On le loue enfin et on le respecte pour sa large ouverture d’esprit, la candeur et la spontanéité de son regard sur la vie et sur l’art, un regard gai et alerte, qui dédramatise la peinture.
L’exposition s’ouvre sur les années 1890 – le peintre a alors une cinquantaine d’années – et sur les placides scènes d’intérieur qu’il multiplie : « les Jeunes Filles au piano » sont là, ainsi que des toiles intimistes et recueillies, des portraits d’enfants, des compositions atemporelles traduisant la simplicité d’un instant de paix passé à lire ou à coudre dans un cadre familier… Tout respire le recueillement et la sérénité. « Renoir voulait peindre simple et grand », résume la commissaire d’exposition Sylvie Patry. « Simples » et « grands » en effet sont ces nus dépouillés et monumentaux, dont « la Source » est l’exemple le plus fort. Dans ces portraits de femmes déshabillées, inspirées de la tradition antique, d’Ingres et des formes primitives et archaïques, la femme exhibe sa sensualité et ses symboles de fécondité. C’est encore la référence à l’Antique qui est présente dans les paysages méditerranéens : dans le Sud de la France, à Cagnes, Renoir, qui approfondit de plus en plus les tonalités de sa palette, peint des paysages inspirés d’une sorte d’Arcadie reconstituée, très loin du XX e siècle moderne en pleine industrialisation ! Au cur d’une verdure chatoyante, en panthéiste célébrant la nature, il met en scène des bergers, des pâtres et des déesses, ou les fameuses « Baigneuses », plantureuses et exubérantes, qu’il peint au soir de sa vie en 1918-1919, et qui marquent un « aboutissement », selon son propre terme.
L’exposition permet de découvrir des aspects peu connus de l’uvre tardive de Renoir : ses sculptures, ses dessins, son goût pour les arts décoratifs, son approche artisanale de la peinture, son attrait pour l’Orient et les figures exotiques…
Tout dans cette peinture est libre et jubilatoire, outrancier parfois et discordant, mais merveilleusement sincère, fantaisiste et audacieux.
– Galeries nationales du Grand Palais. Tlj sauf mardi, de 9 h 30 à 22 heures (mer. de 10 à 22 heures et jeudi de 10 à 20 heures). Entrée : 11 et 8 euros. www.rmn.fr. Jusqu’au 4 janvier 2010.
– Catalogue, 464 pages, 49 euros env., éd. RMN. Hors-série Découvertes Gallimard : « Renoir au XX e siècle », 8,40 euros. DVD « Renoir au-delà de l’impressionnisme », par Cathie Lévy.
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