MUCHA fut le grand affichiste, décorateur, illustrateur et graphiste que l’on sait. Pourtant, il fallut attendre les années 1960, vingt ans après sa mort, pour que son uvre soit redécouverte, et la dernière rétrospective qui lui fut consacrée remonte déjà à plus de trente ans, à Paris, au Grand Palais. Mucha fait partie de ces artistes qui peuplent l’imaginaire collectif sans qu’on les connaisse vraiment.
Quelque 280 uvres (peintures, dessins, affiches, livres, photographies, bijoux, pièces de mobilier et objets d’art) forment un panorama foisonnant de la production de Mucha, et nous renseignent notamment sur ses convictions mystiques et sur son engagement patriotique.
Après une enfance passée en Moravie, très influencée par la religion, Mucha n’aura de cesse, dans son art, de se référer à l’histoire des peuples slaves et restera toute sa vie fidèle à cette foi ardente qui inondera ses compositions, même les plus profanes, d’une authentique spiritualité. En 1900, il réalise un décor spectaculaire pour le pavillon de la Bosnie-Herzégovine à l’Exposition universelle (décor que l’on découvre ici dans sa quasi-intégralité) ; entre 1912 et 1926, il achève le cycle de « l’Épopée slave » (20 tableaux, dont deux sont présentés dans l’exposition) ; il dessine également les armes, les billets de banque et certaines effigies de la nouvelle République tchécoslovaque, fondéeen1918.
Grandeur de l’homme, ode au génie slave, allégories de la nature : tels sont les grands thèmes de Mucha, qui contribuent à inspirer son art mystérieux et engagé. Et puis il y a un autre Mucha, celui de la légèreté, des frivolités de la vie, le Mucha créateur des affiches de Sarah Bernhardt (avec qui il entretint une relation proche), le Mucha qui prêta son crayon à des réclames publicitaires (Moët et Chandon, Nestlé…), à des menus de banquets, à des frises décoratives, ou à des réalisations de bijoux (il s’associa avec le joaillier Georges Fouquet)… Dans tous ses travaux - peintures, dessins, ou projets de mobilier, de décor, de vitraux - son trait est extrêmement minutieux et rappelle les enluminures, tant il est fin et précis. Les inflexions de son crayon et de son pinceau donnent naissance à des arabesques, si caractéristiques de son style, à des architectures compliquées et exubérantes, ou bien enjolivent les chevelures vaporeuses de belles jeunes femmes aux drapés aériens.
Certains qualifièrent l’uvre de Mucha d’art purement « décoratif » ou « mineur ». C’est un tort. L’apport du peintre à l’art nouveau et à l’histoire du XX e siècle est important. Rares sont les artistes qui furent autant imités et dont les avancées picturales et l’avant-gardisme nourrissent encore leur descendance. L’uvre de Mucha exprime la vie dans toute sa poésie et sa part de rêve.
› DAPHNÉ TESSON
Musée Fabre de Montpellier Agglomération, tél. 04.67.14.83.00. Jusqu’au 20 septembre. Catalogue, 372 p., éd. Somogy édition d’art et Hirmer Verlag, 39 euros.
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