LE LABORATOIRE pharmaceutique GSK vient de rendre publiques les conclusions de la quatrième édition de sa Conférence de citoyens. Placée cette année sous le thème de « l'orientation dans le système de soins », cette initiative consiste à interroger un panel de vingt «citoyens» formés aux questions de la santé par des experts indépendants, et peut-être parfois un peu influencés par l'avis de ces spécialistes des questions de santé. Ces réponses sont ensuite confrontées à celles des Français, par le biais d'un sondage réalisé par l'institut IFOP. Où l'on verra que si les opinions convergent sur de nombreux points, il subsiste néanmoins quelques divergences, parfois sur des sujets clés, comme la répartition des hôpitaux.
Autant commencer par les sujets qui fâchent.
Invité à se pencher sur la thématique de la répartition des médecins sur le territoire et la mise en place d'une «carte médicale» (ou SROS ambulatoire), le panel de vingt citoyens constate tout d'abord majoritairement que la répartition des médecins et des professionnels de santé est «insatisfaisante». Le sondage IFOP confirme ce point de vue : les Français sont en effet 68 % à partager cet avis, et le pourcentage s'élève même à 80 % pour ce qui est de la répartition des spécialistes. De plus, les Français sont 74 % à penser «qu'il est nécessaire de limiter l'installation des médecins dans les zones où ils sont suffisamment nombreux», et 84 % à juger favorablement la mise en place d'une carte médicale. Ils sont enfin 80 % à juger «appropriée la mise en oeuvre d'incitations financières». Le sondage ne dit pas explicitement si, selon les personnes interrogées, cette limitation de l'installation des médecins dans les zones où ils sont déjà suffisamment nombreux doit se faire sur la base d'incitations ou sur celle de la coercition.
Préserver les hôpitaux locaux.
Sur l'hôpital et la réorganisation des services d'urgence, les réponses divergent parfois entre le panel de citoyens et le sondage. Par exemple, si citoyens et sondés (74 %) sont d'accord pour estimer qu'il faut réorganiser les services d'urgences pour les recentrer vers des interventions réellement urgentes et les décharger des interventions mineures (manifestation d'une volonté de réguler l'accès aux urgences ?), ils divergent profondément sur la question de l'organisation et de la répartition géographique des hôpitaux. Les citoyens sont ainsi majoritaires à préconiser une spécialisation des structures hospitalières sur certains types d'intervention, estimant que «la répétition d'un acte permet d'acquérir une véritable expertise et technicité». Mais les sondés sont, en revanche, 71 % à souhaiter «le maintien des services lourds dans les petits hôpitaux locaux pour que toute la population en soit géographiquement proche».
S'agissant de la délégation des tâches médicales des professionnels de santé, 73 % des Français, selon le sondage, se prononcent en faveur de la délégation de certaines tâches, comme la prise de tension, le rappel de vaccination, le renouvellement de la prescription du vaccin de la grippe ou la prescription de contraceptifs par les sages-femmes. Côté « citoyens », on va même plus loin, puisque ce panel préconise carrément la création d'un métier intermédiaire entre celui de médecin et celui d'infirmier, «pour alléger la tâche du médecin et lui permettre de consacrer plus de temps à ses patients». Plus généralement, selon le sondage IFOP, seulement 53 % des Français estiment que le principe de solidarité, aux termes duquel «chacun cotise selon ses moyens et est soigné selon ses besoins», est réellement respecté en France. Ils sont encore moins nombreux (11 %) à juger que tous les patients ont les mêmes chances d'être bien soignés dans toutes les régions de France. En revanche, ils sont 91 % à penser qu'il existe une confiance mutuelle entre les médecins et les patients, 95 % à faire personnellement confiance à leur médecin, et 98 % d'entre eux sont sûrs que leur médecin leur fait confiance pour suivre ses conseils et prescriptions.
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