LANCÉ il y a dix-huit mois par les ministères de la Santé et du Travail, le plan Bien Vieillir fait son chemin. Les préretraités et les retraités âgés de 55 à 75 ans, à qui il s'adresse, en apprécient la portée : « Vivre sans dépendance ». Pour les uns, il s'agit d'ouvrir grand la porte entrebâillée d'une activité physique régulière et d'une alimentation adaptée, pour d'autres de dégager l'huis, laissé à l'abandon, de l'estime de soi, des projets de vie ou de l'intérêt pour autrui. Selon le Dr Jean-Pierre Aquino, gériatre francilien, qui assure la présidence du comité de pilotage, il en va du développement du champ d'intervention de la prévention gérontologique.
Dès 2003, dans le cadre d'un programme national labellisé Bien Vieillir, 18 villes ou agglomérations urbaines se sont employées à insuffler l'esprit de prévention «en harmonie avec les recommandations de Bruxelles du plan “Healthy Aging”». Pour l'Union européenne, bien vieillir constitue «un processus d'optimisation de la santé physique, sociale et mentale».
Consultation de départ à la retraite.
Financé à hauteur de 168 millions d'euros, le plan se décline, en partie, sous les auspices du médecin de famille, avec notamment la « consultation médicale de départ en retraite ». Les 97 000 généralistes, potentiellement tous médecins traitants, sont conviés à la développer. Chaque année, plus de 800 000 personnes partent à la retraite, sans compter les cessations d'activité associées à un non-retour définitif à l'emploi. La «transmission systématique au salarié du dossier de la médecine d'entreprise (art. R.241-57 du code du travail) », retraçant le suivi du futur retraité et faisant état, éventuellement, d'expositions à des risques professionnels, participe d'un accompagnement éclairé. L'anticipation et/ou la détection des facteurs de risque et des pathologies influençant la qualité de vie – accidents domestiques, presbyacousie, état bucco-dentaire, déficit visuel, cancer… – apparaissent, bien évidemment, comme une démarche primordiale, sans cesse à réitérer. Il revient aussi à l'omnipraticien, appelé à gérer au mieux le risque iatrogénique, d'instiller chez ses patients un «bon usage des médicaments» et de substances anti-âge.
Plus en amont, le plan Bien Vieillir met l'accent sur la participation à des sessions de préparation à la retraite organisées par des caisses ou des entreprises. Sur un même registre, la diffusion d'un « passeport pour une retraite active » (bénévolat) et le programme national Nutrition Santé pour les seniors constituent des sésames pour un bien-vivre autonome.
À terme, Bien Vieillir pourrait faire évoluer le colloque singulier avec les 10 millions de 55-75 ans vers un rendez-vous de prévention toujours renouvelé.
Repères
- 10 millions de 55-75 ans.
- Espérance de vie : + 2,5 ans en dix ans, associés à une diminution de la période d'incapacité. À leur soixantième anniversaire, les femmes vivront encore en moyenne vingt-six ans et les hommes vingt et un ans ; 43 % des 50-64 ans travaillent ; 7,3 % sont au chômage.
- Affections les plus fréquentes chez les 45-74 ans : problèmes dentaires (90 %), vision (60 %, et de 800 000 à 1 million de personnes touchées par la DMLA), presbyacousie (45 %, alors que seulement 40 % des malentendants âgés portent une audioprothèse), atteintes ostéo-articulaires (25 %, avec chaque année de 40 000 à 70 000 fractures vertébrales, 50 000 du col du fémur et 35 000 du poignet), hypertension artérielle (11 %), insomnies et états dépressifs.
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