L'ALERTE avait été déclenchée à la suite du signalement par un médecin généraliste de Saint-Malo, le 14 août dernier, de 4 cas de rougeole dans une même famille. Très vite, les premières investigations menées par la DDASS 35 ont convergé vers le camp de vacances de Faye-d'Anjou, qui avait accueilli un des enfants entre le 12 et le 21 juillet. Le camp avait rassemblé 66 participants (53 enfants et 13 moniteurs) provenant de 39 familles différentes, résidant dans 17 départements. Selon la directrice du camp, 2 autres enfants avaient été malades durant le séjour. Les familles des enfants contactées par la DDASS 35 ont rapporté des cas de rougeole dans la fratrie avec un début des signes cliniques antérieur au camp.
Dès le 20 août, la coordination de l'investigation de tous les cas de rougeole en lien avec le camp de vacances était confiée à la CIRE (cellule interrégionale d'épidémiologie) des Pays de la Loire. L'analyse publiée porte sur 29 des 39 familles identifiées qui ont rempli le questionnaire envoyé par la DDASS. Parmi les 191 personnes, 49 avaient participé au camp (36 enfants de 7 à 13 ans et 13 moniteurs de 15 à 47 ans) et 142 étaient des membres de leur famille (87 enfants et 55 parents).
Au cours de l'enquête, 51 cas de rougeole ont été recensés, dont 17 chez les participants (34 dans leur famille).
Pas de DO.
Seulement 11 fiches de déclaration obligatoire (DO) ont été reçues, souligne l'InVS.
Parmi les participants au camp, «l'ensemble des cas de rougeole n'était pas vacciné et ne signalait pas d'antécédent de rougeole», note encore l'InVS. Trois cas survenus au camp (14, 18 et 19 juillet) avaient été exposés antérieurement à des cas de leur propre famille. Pour les 14 autres, les délais d'incubation étaient compatibles avec une exposition au camp.
Parmi les familles des participants, 16 n'avaient aucun cas, les 13 autres se répartissant l'ensemble des 51 cas. La couverture dans les familles sans cas était de 86 %, bien supérieure aux 22 % observés dans les familles avec au moins un cas de rougeole. Là aussi, les cas sont survenus chez des personnes non vaccinées et qui ne signalaient pas d'antécédent de rougeole.
Les motifs de non-vaccination évoqués par les familles sont, pour 3 d'entre elles, la survenue de réactions vaccinales chez un des enfants ayant conduit à ne plus vacciner les suivants de la fratrie ; pour 2 familles, il s'agissait de convictions personnelles. Le caractère bénin de la maladie et l'absence d'obligation vaccinale ont été aussi évoqués. À noter que l'homéopathie est utilisée par une famille et qu'une autre s'est fiée aux conseils de son entourage.
Une même communauté religieuse.
L'enquête a par ailleurs révélé que les personnes touchées fréquentaient les mêmes collectivités scolaires et camps de vacances gérés par une même communauté religieuse. Celle-ci dirige plus de 60 établissements scolaires répartis sur l'ensemble du territoire, dont ceux de Pouilly-en-Auxois (Côte-d'Or) et de Camblain-l'Abbé (Pas-de-Calais) dans lesquels une épidémie (42 et 9 cas) avait déjà été signalée en juin dernier. «Cette investigation illustre le risque très important de transmission du virus de la rougeole dans une population insuffisamment vaccinée», conclut l'InVS, qui préconise une communication rapide et ciblée aux responsables de ces établissements et aux familles.
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