DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE À LOMÉ
ON ESTIME à 110 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH au Togo, à 11 000 le nombre de femmes enceintes séropositives par an, à 9 700 le nombre d'enfants de 0 à 14 ans infectés et à 88 000 le nombre d'orphelins et d'enfants rendus vulnérables par le VIH/sida (chiffres 2005 et l'ONUSIDA). Si la prise de conscience de la gravité de l'épidémie et de ses conséquences socio-économiques est déjà ancienne (création d'un programme national de lutte contre le sida en 1987, premiers cas traités en 1989, élaboration d'un cadre stratégique national de lutte 2001-2005, puis 2007-2010), les moyens disponibles sont insuffisants et la situation actuelle est extrêmement préoccupante. Parmi les nombreuses difficultés rencontrées par le pays, la pauvreté, une longue crise socio-politique et économique et la suspension de l'aide internationale et notamment du Fonds mondial (conséquence de cette crise), ont fait le terreau du développement de l'épidémie.
Il est urgent d'agir.
«Aujourd'hui, les autorités togolaises sont très conscientes de l'urgence de la situation, indique le Dr Michèle Barzach, présidente de la fondation GSK. Le président de la République, Faure Gnassingbé, avec lequel je me suis entretenue, m'a affirmé sa détermination à faire de la lutte contre le VIH une priorité; et le PrAgba, ministre de la Santé, met tout en oeuvre pour y parvenir.» Des efforts ont déjà été faits. En 2006, on comptait 48 centres de conseil et de dépistage volontaire, 76 structures assurant la prise en charge de près de 5 000 patients traités par antirétroviraux (ARV) et de très nombreuses ONG avec des missions de soins, de prévention ou d'accompagnement psychosocial.
Mutualiser les ressources.
Malgré tout, la prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du VIH reste insuffisante au Togo. Cela pour de multiples raisons : un faible taux de consultations prénatales, une acceptation insuffisante du test de dépistage, un coût des ARV trop élevé pour les moyens du pays, une accessibilité géographique des centres de PTME limitée, une mauvaise coordination entre les différents acteurs, un nombre très important de perdus de vue et donc de sorties des programmes de prévention et de soins, etc.
«La fondation GSK a pour vocation d'aider les personnes atteintes du VIH/sida dans les pays en développement, et plus particulièrement en Afrique. Initiative de la filiale française du Laboratoire GSK, elle n'a pas de gros moyens financiers, mais dispose d'une structure lui permettant d'être réactive, flexible et pragmatique, souligne Michèle Barzach. Nous intervenons directement auprès des équipes soignantes et des patients et pouvons jouer un rôle de catalyseur des initiatives. C'est exactement l'esprit du programme que nous initions au Togo.» Il s'agit de mutualiser des ressources publiques, privées, militaires et associatives pour améliorer la prévention de la transmission mère-enfant du VIH. Ce programme, doté d'une subvention directe de 210 000 euros et d'une durée de deux ans, vise à renforcer des réseaux de soins et à créer un lien entre les différents opérateurs sur un même site pour mettre en place et faire fonctionner une organisation pérenne de la prise en charge des femmes et des enfants sur le plan médical, psychosocial et nutritionnel.
Le site de Lomé prêt à fonctionner.
Finalisé avec les autorités togolaises à la fin de 2007, ce programme comprend plusieurs étapes. La première, qui vient de s'achever, a consisté à renforcer les compétences du personnel médical et paramédical qui interviendra et à réhabiliter les infrastructures de soins et l'équipement en matériel médical de deux sites sur Lomé : le centre médical des familles (CMF, sous la direction de l'armée togolaise et de la coopération française) et le CHU de Tokoin (service de gynécologie et, en particulier, consultations prénatales, service de pédiatrie, qui est la référence nationale pour les infections VIH chez l'enfant). Deux associations – l'Association togolaise pour le bien-être des familles (ATBEF) et Aide médicale charité (AMC) – apporteront également leur soutien au programme, notamment au plan psychosocial, pour la prise en charge nutritionnelle et pour la recherche active des perdus de vue. Elles ont, elles aussi, bénéficié d'un soutien de la part de la fondation GSK, notamment au plan des ressources humaines.
Ainsi, le site de Lomé est-il prêt à fonctionner, chaque structure ayant un rôle et un système de liaison avec les autres bien définis. L'administration sanitaire du district de Lomé est chargé de la coordination, du suivi et de l'évaluation de ce programme. Le CHU, le CMF et les associations assurent les consultations prénatales ; le CHU assure les accouchements et la prophylaxie de la TME, ainsi que les soins des enfants infectés ; le CMF et les associations se chargent des prises en charge, médicales, psychosociales, nutritionnelles des mères et les enfants ; le regroupement des différents services sur un même site ou des sites proches, ainsi qu'un carnet de suivi commun permettent de limiter le nombre de perdus de vue.
Les objectifs de la fondation GSK.
Trois autres sites localisés dans différentes villes de province du pays (Temedja, Kara et Dapaong) seront mis en place dans les prochains mois, selon le même schéma de fonctionnement.
L'objectif est de toucher 930 000 personnes, dont 37 000 femmes enceintes par an. Parallèlement, un nouveau dossier est soumis par les autorités togolaises au fonds mondial pour tenter d'obtenir des subsides dont a absolument besoin le pays, notamment pour l'achat des médicaments ARV.
«Ce programme en multipartenariat, mis en place au Togo, illustre le changement que nous souhaitons mettre en place dans la politique de la Fondation, avec une approche élargie des questions posées par le fléau qu'est le VIH qui prendra en compte le dépistage et le traitement, mais aussi l'accompagnement social, économique, psychologique des populations touchées», souligne Michèle Barzach.
Un engagement inscrit dans la durée
La fondation GSK France a été créée en 1998 à l'initiative de la filiale française du Laboratoire GlaxoSmithKline. Présidé par le Dr Michèle Barzach, son conseil d'administration a choisi de centrer son action sur l'aide aux personnes atteintes de VIH/sida dans les pays en développement, et plus particulièrement en Afrique. Sa mission principale est de soutenir et de financer des programmes de soins pour les personnes infectées par le VIH, avec pour objectif d'améliorer l'accès de ces populations à des soins de qualité.
À la fin de mai dernier, 32 programmes étaient en cours dans huit pays : le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, Madagascar, le Mali, le Maroc et le Togo. Entre 1998 et 2008, 6 millions d'euros ont été alloués directement aux acteurs locaux pour la réalisation de ces activités. En dix ans d'action, la fondation a appuyé le fonctionnement de plus de 130 sites de soins pour adultes, 520 000 personnes ont été informées, dépistées et orientées et 32 000 ont été prises en charge et suivies.
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