L'état de santé global
La très grande majorité des élèves de France de 11, 13 et 15 ans perçoivent leur état de bien-être comme «excellent» ou «bon», soit 87,2 %, rapporte une étude effectuée dans 40 pays, conduite tous les quatre ans sous l'autorité de l'Organisation de la santé, avec la participation de l'INSERM et de l'INPES*. La proportion de satisfaits diminue cependant avec l'âge, notamment dans la population féminine : à 15 ans, 77,1 % d'entre elles déclarent une satisfaction supérieure à 6 sur une échelle qui va jusqu'à 10, alors qu'elles étaient 86,1 % à 11 ans. Les petites Françaises évoquent notamment un syndrome de plainte (45,6 %, contre 29,5 % des garçons), d'autant plus fréquent qu'elles avancent en âge : 40,5 % à 11 ans et 52 % quarante ans plus tard. Cela apparaît comme une spécialité nationale, alors que, globalement, les jeunes Français occupent le milieu du tableau pour la santé en général. Quant aux 16 % d'élèves handicapés ou victimes de maladies chroniques – qui se sentent en moins bonne santé que leurs petits camarades –, 1 sur 5 estime que la situation de handicap entraîne une restriction de sa participation ou de sa présence à l'école.
Habitudes alimentaires
Un peu moins de 3 adolescents sur 5 prennent chaque matin un petit déjeuner, plus fréquemment à 11 ans qu'à 15 ans, les filles moins que les garçons. Deux sur 3 mangent des fruits et des légumes au moins une fois par jour. Mais, dans le même temps, 1 sur 4 cède aux boissons sucrées. Parmi les pays participants, la France fait partie des «bons élèves» pour le repas du matin. En ce qui concerne les fruits et les légumes, elle n'obtient, en revanche, guère mieux qu'un 5 pointé sur 10. Pour les sucreries, hormis les petits Nordiques qui se comportent les mieux, là encore, c'est «très moyen».
Activité physique et sédentarité
Seulement 13,5 % ont une activité physique quotidienne (APQ). Par contraste, le temps moyen devant l'écran de télévision, de jeux vidéo ou d'ordinateur s'élève à cinq heures et demie par jour, 60 % étant accrochés à la télé deux heures au moins, davantage les garçons que les filles et les 13-15 ans que les plus jeunes. Avec les Suisses et les Russes, les Français sont les derniers pour l'APQ (20 % pour la moyenne internationale). Pour la télé, ils se révèlent en fait plus souvent sages, puisque la proportion de ceux qui y consacrent plus de deux heures par jour est la plus faible, après l'Italie et la Suisse, et que la moyenne internationale approche les 70 %. Dans de telles conditions, le pays se trouve dans la moyenne inférieure pour la surcharge pondérale (10,3 %), Malte et l'Amérique du Nord enregistrant les prévalences les plus fortes, 30 %.
Vie sexuelle, produits psychoactifs
À 15 ans, 27 % (21 % en 2002) ont eu des rapports sexuels, au lieu de 22,6 % dans les 39 autres pays. Et 9,7 % d'entre eux ne mentionnent aucun mode de contraception.
L'expérimentation du tabac comme sa consommation quotidienne régressent, passant respectivement de 63 % en 2002 à 52 % , et, à 15 ans, de 20 à 14 %, ce qui place la France dans une position médiane. L'alcool demeure le produit le plus répandu dans la primo-adolescence : 59 % y ont goûté à 11 ans, 72 % à 13 ans et 84 % à 15 ans. Son usage régulier (plus de 10 fois dans le mois) touche 9 % des 15 ans. Ainsi, la France campe dans la seconde moitié des pays buveurs, légèrement plus en retrait pour la bière. Contrairement aux pays du nord de l'Europe, l'ivresse n'est pas (encore) en vogue. Le cannabis place la France au sixième rang – le Canada, l'Espagne et les États-Unis tenant la tête –, bien que la fumette semble stagner à 15 ans, avec 28 % d'amateurs, contre 29 % en 2002.
Pour ce qui est de la violence, les Français figurent dans la moitié supérieure des pays où les élèves sont le plus souvent impliqués dans les brimades, qu'elles soient agies, subiesou les deux à la fois. En outre, si les jeunes de France éprouvent le moins de stress lié à la scolarité, surtout à 15 ans, ils font partie des adolescents chez qui l'altération du goût pour l'école gagne du terrain.
En somme, si le tableau ne vaut pas les honneurs, les Français ne sauraient être affublés d'un bonnet d'âne. Ils l'affirment haut et fort, à 87,2 %, leur santé est «excellente» ou «bonne».
> PHILIPPE ROY
* Enquête Health Behaviour in School-Aged Children (HBSC), actualisée tous les quatre ans, cette fois de mars à juin 2006. En France, 7 154 élèves de 11, 13 et 15 ans ont été interrogés par questionnaire anonyme rempli en classe sous la responsabilité d'un enquêteur, infirmière ou médecin le plus souvent. L'étude a été réalisée par le Service médical du rectorat de Toulouse en collaboration avec l'unité INSERM U558 et financée par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies et la Caisse nationale du régime social des indépendants.
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