C'EST LA NOUVEAUTÉ de l'Observatoire des risques sanitaires pour sa troisième édition : émergent en tête du hit-parade des craintes selon les types de risques, juste après les risques liés à l'action de l'homme sur l'environnement (noté 7,63/10), les risques hospitaliers (7,13/10), puis les risques de santé publique (6,76/10). Ils viennent devant les catastrophes naturelles (6,56/10), les risques liés au secteur industriel (6,25/10) et les risques domestiques (5,50/10).
Évidemment, la mémoire que gardent les Français au sujet des crises sanitaires est directement corrélée au traitement qu'en font les médias. C'est ainsi que, absente de l'étude publiée en 2007, la maladie d'Alzheimer «explose» en 2008, selon la formule du directeur de Vae Solis, Arnaud Dupuis-Castères. Elle est suivie par la peur de pénurie de personnel hospitalier (6 %), là aussi en lien avec un fort relais médiatique du sujet, tout comme le chikungunya (5 %), ou le déficit de la Sécurité sociale, au même score.
Les Français continuent bien sûr de focaliser surtout sur le sida (33 %), le sang contaminé (19 %) et les cancers (15 %, en progression de 4 points par rapport à l'an dernier).
La grippe aviaire moins redoutée.
Exacerbée dans les esprits l'an dernier, la peur de la pandémie de grippe aviaire, s'apaise spectaculairement, chutant de 30 à 17 %. Est-ce l'effet d'un surtraitement médiatique qui a brutalement zappé le sujet ? Ou la réussite d'une gestion gouvernementale du risque qui aura été bien menée ? L'Observatoire incline vers la deuxième interprétation ; 76 % des Français jugent en effet que les pouvoirs publics ont fait « le nécessaire» pour réduire les risques d'apparition de la pandémie, contre 24 % qui partagent l'opinion contraire. En particulier, 91 % des sondés estiment que la préparation d'un stock de vaccins prépandémiques aura été utile, tout autant que la création d'un stock de médicaments antiviraux, 74 % se félicitant de la nomination d'un délégué interministériel chargé de coordonner les mesures du plan Pandémie et 64 %, des exercices de simulation qui ont été organisés. Au final, on ne recense pourtant que 54 % de la population pour considérer que le gouvernement serait capable d'assurer la sécurité des personnes grâce aux médicaments et aux masques.
L'Observatoire des risques mesure par ailleurs des scores parfaitement irrationnels : la crise de la vache folle frappe encore 19 % des esprits, en deuxième position derrière le sida (33 %), alors que les médias ont délaissé le sujet depuis près d'une décennie, un sujet qui n'aura jamais provoqué la catastrophe sanitaire tant annoncée. «C'est la preuve que tout ce qui a trait aux risques alimentaires réveille les grandes peurs en dehors de toute approche cartésienne», commente Arnaud Dupuis-Castères.
Des peurs alimentaires en face desquelles les Français sont 86 % à juger que les médecins sont les acteurs les plus avertis (loin devant les pouvoirs publics (61 %), les agriculteurs (52 %) et les industriels agroalimentaires (48 %).
Au chapitre de l'information, les scientifiques décrochent la palme (55 %). Les organisations internationales, telles l'Organisation mondiale de la santé, sont talonnées par les associations (46 et 43 %). Comme si la démocratie sanitaire empruntait d'autres circuits que ceux des institutions républicaines : le gouvernement recueille un score catastrophique, à 3 %, bien supérieur néanmoins à celui des élus locaux (2 %) et des parlementaires (1 %).
Quant aux journalistes, avec 24 % d'opinions favorables, ils souffrent aussi d'une massive perte de confiance. À telle enseigne que seulement 4 % des sondés considèrent qu'on leur dit tout, 86 % ayant le sentiment qu'on leur cache beaucoup de choses pour éviter la panique. Ce qui n'empêche pas 4 % d'optimistes incorrigibles de professer que seules sont répercutées les informations les plus inquiétantes, en une surenchère catastrophiste. Des optimistes qui doivent se sentir bien seuls au milieu des prophètes de malheur : 92 % des Français pensent que le nombre des crises dans le domaine de la santé est appelé à augmenter à l'avenir. L'apocalypse sanitaire est pour demain.
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