DE NOTRE CORRESPONDANTE
SITUÉS AUX PORTES du futur cancéropôle, les bâtiments en brique rouge de l'hôpital Marchant sont le témoin d'un lieu architectural unique, construit par l'architecte toulousain Jacques-Jean Esquié. À l'époque, les Drs Gérard Marchant et Jean-Baptiste Delaye préconisent le traitement des malades et l'organisation des soins en fonction des pathologies. Esquié s'inspire de ce programme médical novateur pour dessiner son projet : un ensemble de 25 bâtiments organisés dans une symétrie parfaite en séparant les catégories de patients dans des pavillons distincts. De longues coursives et des auvents permettent aussi les déambulations.
Aujourd'hui, la plupart des pavillons sont intacts, malgré les bombardements de la guerre et l'explosion de l'usine AZF en 2001 qui a considérablement endommagé le site. «La cour d'honneur et la chapelle devraient même bientôt être classées monuments historiques», confie Michel Thiriet, le directeur de l'établissement.
Cet été, pour fêter ses 150 ans d'existence, l'établissement lance une série d'événements* ouverts au public et aux professionnels de santé, dont l'objectif est de déstigmatiser la psychiatrie et de faire connaître l'hôpital au grand public. Au programme, conférences, visites guidées de l'établissement, expositions… démarreront le 30 juin et se succéderont jusqu'au mois d'octobre.
Parmi les temps forts des festivités, une exposition sera consacrée à l'histoire et au patrimoine de l'hôpital, mais aussi à l'évolution de la prise en charge psychiatrique et des techniques de soins. Également des conférences et des débats sur l'éducation thérapeutique des patients, notamment dans le champ des maladies chroniques et des journées découvertes guidées du centre et de son architecture. C'est en juillet 1858 que l'asile de Braqueville (devenu plus tard hôpital Marchant) accueillait ses 260 premiers patients, à l'époque qualifiés d'aliénés et internés de force. «Ils vivaient loin de la ville, soignés par le travail de la terre, de l'élevage, et surtout par l'éloignement de leur familles, considéré comme indispensable à leur guérison», raconte Catherine Amoyal, psychiatre et chef de pôle à l'hôpital Marchant.
Un secteur de 140 000 habitants.
Entièrement évacué à la suite de l'accident d'AZF, l'hôpital accueille à nouveau des patients depuis 2005. «Nous soignons 350 personnes sur place. Mais nous en prenons en charge 13000 dans tout le département, dont 80% sur des sites extérieurs», explique Michel Thiriet. Car, aujourd'hui, la capacité d'accueil de l'hôpital Marchant n'est pas suffisante, malgré la reconstruction de 140 lits dans des pavillons ultramodernes. «Nous avons perdu 53 lits et places après l'explosion d'AZF, et il faudrait pour améliorer la prise en charge des patients continuer le développement des structures ambulatoires», estime le directeur.
D'autant que la Haute-Garonne doit aussi faire face à une pénurie de psychiatres. «Nous avons dans le département l'un des taux de psychiatres le plus bas de France, estime Patricia Parry-Pousse, elle-même psychiatre à Marchant. Chaque secteur de la psychiatrie hospitalière couvre en principe 75000 habitants et compte 7médecins, mais, en Haute-Garonne, chaque secteur couvre de 120000 à 140000 habitants et fonctionne avec 5,5médecins.»
* Programme sur : www.les150ansduchgm.com.
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