L'ALLERGIE alimentaire est souvent la première manifestation de l'allergie de l'enfance. Elle prédispose aux développements ultérieurs des allergies respiratoires. D'où l'importance d'un diagnostic précoce et de mesures préventives. Les allergies alimentaires les plus graves (notamment chez les enfants polyallergiques et les enfants allergiques à certains allergènes entraînant de graves réactions) ont pour traitement des régimes d'évictions alimentaires très sévères. Si 88 % des allergies alimentaires de l'enfant évoluent vers la guérison entre 5 et 15 ans, dans plus de la moitié des cas, l'allergie s'exprime ensuite par des manifestations respiratoires.
La création de l'école de l'allergie sous la direction du Pr Jocelyne Just, s'inscrit ainsi comme la suite logique de l'école du souffle, créée il y a dix ans, et entre dans le processus d'éducation thérapeutique de la maladie allergique dans son ensemble.
Un conte.
C'est dans une petite salle d'école maternelle, semblable aux autres, avec ses jouets, sa maison de poupée sur une étagère, ses posters peints par les élèves et des poèmes calligraphiés au mur, au sixième étage du bâtiment central de l'hôpital Armand-Trousseau, que se tient la classe d'allergie, qui vient d'ouvrir ses portes.
Quatre enfants de 4 à 6 ans sont assis, timides ou un peu indisciplinés, autour d'un bureau en bois clair. Autour d'eux, une puéricultrice, une diététicienne et une psychologue observent leurs réactions, tandis que, face à eux, une maîtresse d'école qui n'est pas issue du milieu médical tente de capter leur attention en leur racontant une histoire qui doit éveiller leur curiosité.
C'est sous la forme d'un petit conte très simple intitulé « Le petit raton laveur qui ne pouvait pas manger ce qu'il voulait » que la maîtresse, sous prétexte de raconter une histoire, tente de les faire parler de leur vécu familier. «Est-ce que tu sais ce que c'est l'allergie?», demande-t-elle. C'est quand ça gratte», répondent les plus téméraires, tandis que d'autres, tête basse, cherchent leurs mots ou ne savent pas. Pourtant, tous les quatre sont allergiques, savent assez bien quels sont les produits dangereux ou interdits, et connaissent à peu près ce qu'il faut faire s'ils ont une crise. Mais tout est encore très flou, les bonnes réponses viennent presque par hasard, et par goût du jeu, ils ne veulent parfois pas répondre, bien que, après une légère insistance, ils finissent toujours par le faire.
«Vous tous, les enfants, vous êtes allergiques à l'arachide. Est-ce que vous savez ce que c'est?» Ils hésitent. «L'arachide, c'est la cacahouète, leur explique-t-on, et tous les fruits à coque, on vous en montrera tout à l'heure.»
Par moments, l'imagination enfantine se montre assez cocasse. Comme dans cet exemple : «Imaginez que vous êtes à un goûter et qu'on vous propose de la mousse au chocolat.» La maîtresse mime la scène. Dans sa main droite, elle tient une peluche et dans l'autre une gomme pour figurer la mousse. «Si vous étiez le petit raton laveur, que diriez-vous?» Un enfant : «Je ne mange pas de gomme! – Oui, mais imagine-toi que c'est de la mousse au chocolat. Alors que faut-il dire si on vous propose de la mousse au chocolat ?» Un enfant : «Merci! – Oui, il faut dire merci, mais surtout il faut refuser de manger ce que vous ne connaissez pas.»
Tous les enfants présents ne mangent à la cantine que ce que leur mère leur a préparé. Certains sont allergiques aux oeufs, un autre au blé. Puis la maîtresse en vient à leur rappeler qu'ils doivent en permanence avoir leur trousse de soins et leur fait répéter l'ordre des prescriptions à suivre en cas de crise : prise de comprimé, de sirop, utilisation de Ventoline et enfin piqûre, si nécessaire. Tous les quatre, même les plus petits, parlent de leur trousse de soins et semblent savoir l'utiliser. La classe continue et l'enseignement se poursuit sous la forme d'un jeu. Des vignettes aimantées sont disposées sur une table et chaque enfant doit choisir les aliments qui lui sont interdits. Leurs réponses étonnent les médecins, soit qu'ils confondent les aliments qu'ils n'aiment pas avec ceux qui sont allergènes, soit qu'ils considèrent comme dangereux des produits inoffensifs. Ainsi, certains enfants sont privés par leurs parents de nourriture sans rapport avec leur allergie. Nombreux sont les parents dépassés et qui, par crainte de commettre une erreur, suppriment des féculents ou des fruits. L'éviction alimentaire est souvent trop large comparée au diagnostic des allergologues.
Il s'agit dans un premier temps pour l'équipe paramédicale de travailler avec les enfants pour leur inculquer les premiers rudiments de contrôle des risques et, dans un deuxième temps, de rassurer les parents, de faire disparaître leurs phobies et de dissiper certaines de leurs craintes injustifiées. Ainsi l'école s'est-elle fixé pour but de faire progresser dans une bonne entente les enfants et les parents des jeunes malades, pour leur apporter une meilleure connaissance de leur maladie allergique afin d'améliorer leur vie au quotidien. > ROLAND PRADALIER
Sept aliments
On estime que 90 % des allergies alimentaires sont liées à sept aliments ou types d'aliments : le lait, l'oeuf, l'arachide et les autres fruits à coque, le blé, les poissons, les crustacés et enfin le soja.
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