LES COLLÈGES de douze spécialités chirurgicales (1), regroupés au sein de la Fédération nationale des collèges de spécialités chirurgicales, ont présenté hier leurs premiers référentiels d'évaluation de métiers et de compétences, qui ont été élaborés dans l'esprit défini par les différents travaux du Pr Yves Matillon, dont on sait l'attachement pour cette discipline. Il a remis plusieurs rapports aux différents ministres de la Santé qui ont permis d'avancer dans cette voie, et dirige aujourd'hui la mission évaluation des compétences professionnelles des métiers de santé. En effet, ce sont bien l'ensemble des professions de santé, et pas simplement les médecins, qui devront être concernés par ce principe.
Aujourd'hui, les chirurgiens montrent la voie aux autres disciplines en étant les premiers à rendre public leur travail. Mais, espère le Pr Matillon, tout devrait être achevé à la fin de l'année et, à cette époque, dit-il, les «référentiels concernant aussi bien la médecine générale que l'ensemble des disciplines et spécialités médicales seront disponibles».
Les textes présentés «visent à la fois, précisent les chirurgiens, à affirmer la compétence d'un professionnel au regard du patient, à accroître l'efficience du système de soins». Dans l'esprit des initiateurs, il est tout à fait logique d'évaluer régulièrement la compétence d'un médecin comme cela se fait d'ailleurs dans un certain nombre de pays, notamment le Canada et les États-Unis. «De nombreux enjeux de sécurité et de qualité des soins guident ce processus d'évaluation», précisent les responsables de ce travail.
Des soins types.
Ces référentiels se présentent sous la forme de situations de soins types : dépistage et traitement des grossesses à risque hémorragique ; intervention sur une instabilité chronique du genou, ou prise en charge d'une incontinence urinaire… Pour chaque spécialité, ces textes ont l'ambition d'établir des bonnes règles de prise en charge «sans se limiter à une connaissance purement technique de chaque métier». Il s'agit aussi de permettre autant que possible que la qualité de l'exercice médical soit la même sur l'ensemble du territoire national. Ces référentiels constituent donc «le socle du futur dispositif d'évaluation des compétences tout au long de la carrière de chirurgien».
S'il convient par cette démarche de satisfaire des patients et des usagers de santé – bien que ces référentiels n'aient pas pour objectif d'avoir une valeur médico-légale –, il s'agit aussi de rassurer les jeunes médecins qui souhaitent s'engager dans ce métier en étant persuadés que leur compétence professionnelle sera reconnue et valorisée tout au long de la carrière. L'importance de cette démarche est également importante dans le cadre de la liberté d'exercice dans les pays de l'Union européenne. «Les référentiels, expliquent les médecins concernés, donneront des repères aux professionnels partout où ils exercent (…) et donneront à la France la possibilité de s'assurer de la compétence de tout praticien souhaitant exercer sur son territoire.»
«Pourquoi ne pas demander aux médecins ce que l'on trouve évident d'exiger des pilotes d'avion?», expliquait il y a quelques mois le Pr Yves Matillon. La publication, aujourd'hui, des référentiels d'évaluation des compétences pour les métiers de la chirurgie et, demain, pour l'ensemble des spécialités médicales confirme bien que les médecins sont tout à fait disposés à jouer la transparence.
(1) Le Collège français de chirurgie générale, viscérale et digestive ; le Collège français des chirurgiens orthopédistes et traumatologues ; le Collège français des urologues ; le Collège français de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire ; le Collège national des gynécologues et obstétriciens français ; le Collège français de chirurgie vasculaire ; le Collège français de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique ; le Collège français d'ORL et de chirurgie de la cervico-faciale ; le Collège hospitalo-universitaire français de chirurgie maxillo-faciale et de stomatologie ; le Collège national hospitalo-universitaire de chirurgie pédiatrique ; le Collège des ophtalmologistes universitaires de france ; le Collège des enseignants de neurochirurgie.
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