DE NOTRE CORRESPONDANTE
«SI L'ÎLE-DE-FRANCE et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur parvenaient à maîtriser leurs dépenses, c'est toute la Sécurité sociale qui irait mieux dans ce pays.» Daniel Marchand, directeur de l'union régionale des caisses d'assurance-maladie (URCAM) de PACA, n'a pas mâché ses mots en présentant les premiers résultats concernant le dispositif de maîtrise médicalisée des dépenses mis en place dans sa région. Globalement, malgré les mesures arrêtées pour contenir leur évolution, PACA est toujours l'un des cancres de la classe. La totalité des dépenses pour une personne protégée par l'assurance-maladie s'y élève à 2 583 euros, contre 2 221 en France. Avec 7,8 % de la population totale, cette région représente 10 % des dépenses – ce qui en fait la plus dépensière avec l'Île-de-France. «On dépense beaucoup plus ici que dans le reste du pays, assure encore Daniel Marchand. Les dépenses s'élèvent à 16% de plus par personne protégée qu'ailleurs. Ce sont des chiffres assez compliqués à analyser.» Depuis 2004, l'URCAM et ses partenaires ont mis en place une série de mesures pour essayer de corriger le tir. Malgré cela, l'augmentation des dépenses, de 4 %, est à peine plus faible que dans le reste de la France (4,2 %). Daniel Marchand voit néanmoins des signes encourageants. Par exemple, si les résultats restent mitigés en matière de prescription d'antibiotiques – les montants remboursés sont en augmentation de 0,7 % dans la région (1,3 % dans la France entière), «les chiffres du début de 2008, en diminution de 22% pour les enfants et de 15% pour les adultes, vont dans le bon sens». Sur les génériques, les résultats sont bons depuis que le tiers payant est subordonné à l'acceptation d'un générique : le taux de pénétration a progressé de 20 points et a passé, sauf dans les Hautes-Alpes (département qui n'est pas soumis au même régime), la barre des 80 %. «Il faut rester à ce niveau de prescription», insiste le directeur de l'URCAM.
Pour le reste, les deux points noirs en PACA sont toujours les transports sanitaires et les arrêts de travail. Pour le premier poste, l'addition s'élevait à 263 millions d'euros en 2006 pour l'assurance-maladie dans cette région, soit une progression de 6 % par rapport à 2005. Le transport en ambulance représente 130 millions d'euros (en hausse de 5,9 %) et le transport en taxi 75 millions d'euros (en hausse de 8,9 %). Ces dépenses se répartissent « équitablement » quant à leur origine entre la médecine libérale (47,7 %) et les hôpitaux (52 %) – dont certains tentent de réduire la note avec une information aux usagers et l'utilisation d'une entente préalable avant toute prescription de ce type.
Quant aux arrêts de travail, malgré des contrôles renforcés, ils ont coûté 7,3 milliards d'euros au niveau national en 2006 et 754 millions dans la seule région PACA – une augmentation de 4,1 % par rapport à 2005. Dans ce domaine des indemnités journalières (IJ), les services médicaux des trois régimes ont effectué 56 600 contrôles d'assurés en 2007 et 11 contrôles de médecins. En 2008 sera menée dans le Vaucluse une expérimentation sur un lien renforcé entre les médecins contrôleurs subordonnés aux employeurs et les médecins contrôleurs de la Sécurité sociale. À noter tout de même que si les arrêts de courte durée diminuent, les arrêts de longue durée – notamment pour maladies psychiatriques – sont toujours en augmentation dans la région.
Enfin, le Dr Hervé Coudert, représentant le régime général de l'assurance-maladie, lance un cri d'alarme sur la «surprescription» régionale des médicaments pour les personnes de plus de 65 ans. En PACA, l'iatrogénie médicamenteuse serait responsable de 10 % des hospitalisations des personnes âgées, soit 130 000 hospitalisations par an. Il est urgent, selon le Dr Coudert, de mener des actions complémentaires auprès des familles et des établissements pour expliquer les risques encourus.
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