UNE EXPOSITION à court terme (moins de 24 heures) à des niveaux d'ozone tels qu'ils sont couramment observés dans certaines régions des Etats-Unis (le fameux smog de Los Angeles et autres centres urbains) peut contribuer à des morts prématurées. Selon le groupe d'experts du Conseil national de la recherche, chargé d'une étude sur le sujet par l'Agence de protection de l'environnement (EPA), les preuves sont suffisamment fortes pour que l'EPA tienne compte de cette mortalité dans les analyses de bénéfice-risque réalisées pour de futures normes pour l'ozone.
Le groupe d'experts, présidé par le Pr John C. Bailar (université de Chicago), se fondant sur les recherches récentes, relève que les décès liés à la pollution par l'ozone touchent le plus souvent des personnes déjà vulnérables mais pas seulement les plus malades. Malgré une étude dans un large groupe de population, les experts ne peuvent déterminer un seuil en deça duquel l'ozone ne présente plus de danger pour la santé. Si cette limite de concentration existe, elle est probablement inférieure aux normes actuelles, disent-ils, mais il faut aussi tenir compte des susceptibilités individuelles.
Le rapport coût/bénéfice.
En mars dernier, l'EPA a, pour la première fois depuis dix ans, mis à jour la réglementation en matière de qualité de l'air (le Clean Air Act) et abaissé le seuil de concentration d'ozone troposphérique à ne pas dépasser sur huit heures de 0,084 ppm à 0,075 (à titre de – difficile – comparaison, le premier seuil d'alerte se situe en France à 240 µg/m3 pendant trois heures, soit 0,12 ppm). L'agence estime que cette nouvelle norme permettra d'éviter chaque année de 900 à 1 100 décès prématurés chaque année, 1 400 attaques cardiaques non mortelles et 5 500 hospitalisations. Les économies en découlant pourraient aller jusqu'à 19 milliards de dollars par an, à mettre en balance avec le coût d'application de la mesure, situé entre 7,6 et 8,5 milliards par an.
L'étude des experts doit mettre fin au scepticisme de la Maison-Blanche, selon laquelle le lien entre l'ozone et la mortalité prématurée n'était pas prouvé. Elle montre aussi l'intérêt économique de la lutte contre la pollution de l'air alors que l'administration Bush tend plutôt à protéger les industriels.
> RENÉE CARTON
L'ozone troposphérique
L'ozone stratosphérique protège les organismes vivants en absorbant une partie des UV dans la haute atmosphère. L'ozone troposphérique (dans les basses couches de l'atmosphère) est en revanche un polluant, résultant de la transformation chimique de gaz précurseurs, principalement le dioxyde d'azote (rejeté par les carburants automobiles), dans certaines conditions climatiques (fort ensoleillement, températures élevées, faible humidité, absence de vent, phénomène d'inversion de température).
Une directive européenne sur l'ozone dans l'air ambiant fixe un seuil d'information à 180 µg/m3 (moyenne horaire), un seuil d'alerte à 240 µg/m3 (moyenne horaire) et une valeur cible pour la protection de la santé humaine de 120 µg/m3 (maximum journalier de la moyenne sur huit heures), qui, à l'horizon 2010, ne devrait pas être dépassé plus de vingt-cinq jours par an. Au cours de l'été 2005, le dépassement a été enregistré par 31 % des stations en Europe.
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