DE NOTRE CORRESPONDANT
ACTUELLEMENT, près de 30 % des médicaments utilisés contre le cancer sont d'origine végétale. Ces produits, que l'on a cru un moment supplantés par d'autres spécialités chimiques et biologiques, retrouvent aujourd'hui toute leur actualité, après que les révolutions thérapeutiques de ces dernières années se soient révélées moins prometteuses que prévu. Ainsi, 70 % des nouveaux anticancéreux sont issus de substances naturelles, soit deux fois plus qu'il y a une dizaine d'années. Pierre Fabre, qui produit lui-même plusieurs anticancéreux, dont deux spécialités à base de pervenche tropicale, récoltée en Inde du Sud et à Madagascar, rappelle que le secteur du médicament « naturel », qu'il soit d'origine végétale ou marine, mais aussi issu de micro-organismes, conserve un potentiel d'avenir immense, mais menacé par l'appauvrissement de la biodiversité.
De nombreuses menaces.
C'est ce constat qui a poussé le laboratoire à venir sensibiliser les parlementaires européens, tant sur l'intérêt de ces produits, souvent irremplaçables, que sur les risques qui pèsent sur leur avenir. Comme le rappelle la députée européenne Françoise Grossetête, spécialiste des questions pharmaceutiques au sein du Parlement, 80 % de la population mondiale a recours aux plantes médicinales, mais la surexploitation de certaines plantes menace leur survie ; la déforestation, le réchauffement climatique et les cultures anarchiques de plantes font le reste et, sur 50 000 plantes médicinales actuellement recensées, de 4 000 à 10 000 sont menacées d'extinction. Dans un siècle, plus de la moitié des espèces végétales risquent d'avoir disparu. Il est temps de prendre conscience de l'importance, mais aussi de la fragilité des plantes médicinales, ont rappelé les responsables scientifiques du laboratoire, et ce d'autant plus que les nouveaux médicaments « naturels » utilisés en cancérologie sont beaucoup plus performants que leurs aînés, car mieux ciblés et adaptés à chaque phase de la maladie. Au-delà des plantes, le monde marin reste, selon Pierre Fabre, un réservoir encore à peine effleuré de richesse thérapeutiques, alors même que seuls 14 000 produits issus de la mer ont été isolés jusqu'à présent… dont seulement 2 en oncologie. Les micro-organismes et la fermentation offrent également de très larges perspectives. Dans l'immédiat, les scientifiques plaident pour des politiques d'environnement et de protection de la nature beaucoup plus efficaces, notamment dans les zones tropicales. Ils soulignent aussi l'importance de constituer des chaînes phytopharmaceutiques qui respectent la matière première, tout en en garantissant la qualité et la sécurité.
Outre cette rencontre avec les parlementaires européens, une exposition sur les grands naturalistes d'autrefois et sur la biodiversité a été présentée au Parlement, pendant toute sa semaine de session, par l'institut Klorane, qui oeuvre, sous l'égide de Pierre Fabre, pour la protection et la bonne utilisation du patrimoine végétal.
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