L'HAEMOPHILUS INFLUENZAE de type B est l'une des principales causes de pneumonie et de méningite, avec chaque année 400 000 décès parmi les enfants de moins de 5 ans, la plupart dans les pays en développement. Elle est aussi responsable de près de 3 millions de cas de maladie grave, avec des conséquences à long terme : surdité, paralysie, arriération mentale et difficultés d'apprentissage. L'Ouganda a été l'un des premiers pays admissibles à une aide GAVI (Alliance mondiale pour les vaccins et pour la vaccination) en vue de l'adoption du vaccin Hib il y a cinq ans. Une étude à paraître dans le numéro d'avril du « Bulletin de l'Organisation mondiale de la santé » montre que, dans les régions sous surveillance, le taux d'incidence de la méningite bactérienne due à Haemophilus influenzae a chuté de 85 % dans les quatre ans qui ont suivi l'introduction du vaccin et a été quasi nulle au cours de la cinquième année.
Les auteurs estiment que le vaccin a permis d'éviter près de 30 000 cas de méningites et 5 000 décès d'enfants de moins de 5 ans chaque année. «L'introduction du vaccin Hib a complètement modifié l'épidémiologie de la méningite bactérienne en Ouganda, grâce à l'éradication de la méningite due à Hib en tant que problème de santé publique, se réjouit le Dr Kekitiinwa, pédiatre à l'hôpital Mulago, à Kampala, et coauteur de l'étude. Une surveillance de grande qualité nous a permis de comprendre et de suivre ces tendances afin d'assurer la qualité du programme de vaccination, d'améliorer la collaboration entre les cliniciens et les laboratoires, et d'informer de la sensibilité au médicament.»
Même satisfaction du côté du ministère de la Santé ougandais : «Nous sommes heureux des résultats de cette étude. Il est encourageant de savoir que ces types d'intervention en Ouganda et ailleurs contribuent largement à la réalisation de l'Objectif du millénaire pour le développement visant à réduire la mortalité des enfants de moins de 5ans. L'aide de GAVI a joué un rôle de catalyseur en nous permettant de nous attaquer rapidement et efficacement à cette maladie», souligne le Dr Sam Zaramba, le directeur général. Grâce au financement du vaccin Hib par l'Alliance, l'Ouganda a pu distribuer 16,5 millions de doses entre 2002 et 2006 sous la forme d'un vaccin pentavalent (une injection 5 en 1) comprenant, en plus de l'antigène Hib, la diphtérie, la coqueluche, le tétanos et l'hépatite B. Le gouvernement a récemment engagé des ressources nationales afin de fournir le vaccin Hib dans son programme de vaccination des nourrissons, conformément à la politique de cofinancement de l'Alliance.
Un franc succès.
«GAVI se félicite de ces résultats extrêmement positifs, déclare, pour sa part, le Dr Julian Lob-Levyt, secrétaire exécutif de l'organisation. Grâce aux efforts conjugués du ministère ougandais de la Santé, de l'OMS, de l'UNICEF et d'autres partenaires, nous pouvons nous réjouir du franc succès rencontré sur la voie de l'éradication de cette maladie mortelle, qui a provoqué trop de victimes.» En 2005, l'Alliance, partenariat public-privé innovant qui rassemble tous les principaux acteurs de la vaccination, lançait l'initiative Hib, un programme de 37 millions de dollars qui réunit des experts de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, des centres américains de prévention et de lutte (CDC) et l'OMS afin de faire progresser la lutte contre la maladie dans les pays en développement et de fonder les décisions sur des informations prouvées.
La vaccination contre Haemophilus influenzae, qui existe depuis 1991, est largement adoptée dans les pays industrialisés, mais il aura fallu une quinzaine d'années pour qu'il soit introduit dans les pays en développement. Désormais, un projet pilote, Advance Market Commitment (AMC), lancé en 2007, vise à combler ce type de fossé et à accélérer l'introduction de nouveaux vaccins dans les pays pauvres.
44 pays
Pionnier de la région africaine en matière d'introduction du vaccin Hib, l'Ouganda, comme le Kenya ou la Gambie, a montré la voie à d'autres pays. Désormais, parmi les 75 pays les plus pauvres susceptibles de bénéficier du programme GAVI, 44 ont accepté de l'utiliser. Les résultats ougandais sont similaires à ceux observés au Bangladesh, au Kenya, au Chili, à la Gambie, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, où la vaccination par le vaccin Hib avait été suivie d'une réduction de l'incidence des méningites de 88 % ou plus en trois à cinq ans.
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