Les catéchines du thé

Baisse de l'insulinorésistance et du poids

Publié le 05/03/2008
Article réservé aux abonnés
1276175870F_Img312483.jpg

1276175870F_Img312483.jpg

P armi les nombreuses actions attribuées aux catéchines – protection des lipoprotéines contre la peroxydation, modulation de la production de NO avec un effet protecteur de l'endothélium vasculaire, effet anti-inflammatoire et neuroprotecteur– la stimulation de la thermogenèse et l'amélioration de la sensibilité à l'insuline ont fait l'objet de plusieurs communications lors du récent symposium organisé par l'Inra.

Dans des modèles animaux de syndrome métabolique, l'apport de thé vert améliore l'insulinémie, la glycémie et la triglycéridémie. L'équipe de H. Cao a montré que la consommation de thé vert augmentait la sensibilité à l'insuline et activait la cascade de signalisation de cette hormone (1). Au niveau cérébral, la régulation de l'insulinorésistance (par l'apport de thé vert chez le rat) est associée à une baisse du stress oxydant et à une amélioration du fonctionnement cognitif (2). Le thé vert exerce également un effet anti-inflammatoire en augmentant la synthèse d'une protéine anti-inflammatoire, la tristetrapoline, et en inhibant des protéines pro-inflammatoires dont le TNF alpha qui altère la sensibilité à l'insuline (3).

Chez l'homme, les études sont peu nombreuses, mais elles indiquent globalement une tendance favorable (parfois à la limite de la significativité). Les buveurs réguliers consommant au moins six tasses par jour ont un effet bénéfique sur le poids, l'IMC, l'indice HOMA (qui mesure l'insulinorésistance), la pression artérielle, la sécrétion d'insuline et le taux d'HbA1c (4).

Par ailleurs, le thé et notamment le thé vert est traditionnellement proposé pour contrôler le poids. Une revue récente de la littérature confirme (et explique) cette croyance ancienne (5). Les propriétés thermogéniques du thé – c'est-à-dire sa capacité à augmenter les dépenses d'énergie et l'oxydation des graisses – sont dues non seulement à l'action de la caféine, mais aussi à celle des catéchines (6).

Réduction du tour de taille

Cet effet s'exprime chez les sujets de poids normal et chez ceux en surpoids. L'ingestion pendant trois mois d'un thé riche en catéchines (690 mg/j) s'accompagne d'une perte de poids, d'une réduction du tour de taille, d'une diminution de la masse grasse et, par conséquent, d'une modification de la répartition des graisses (7).

L'effet des catéchines sur la diminution de la graisse viscérale a récemment été observé dans l'étude de la Shangai Medical School : le groupe recevant 443 mg de catéchines deux fois par jour présentait, après douze semaines d'intervention, une réduction du poids, du tour de taille, de la masse grasse et de sa répartition intra-abdominale.

Il semble que les mécanismes qui participent au contrôle de la répartition des graisses soient multiples : réduction de la différenciation et de la prolifération des adipocytes, baisse de la lipogenèse, diminution de l'absorption des graisses, augmentation de la sensibilité à l'insuline, et stimulation de l'oxydation des graisses.

Enfin, selon Diepvens, l'ingestion de thé dans un régime basses calories empêche la baisse de la dépense énergétique associée habituellement à la baisse des apports caloriques et, de ce fait, favorise une perte de poids plus facile et plus rapide (8).

Reste que dans la majorité des études, les bénéfices du thé apparaissent pour une consommation relativement importante de catéchines. Or la teneur en catéchines des thés verts varie grandement d'un produit à l'autre, allant de moins de 100 mg à plus de 200 mg par tasse. Les conditions de culture, le processus de fabrication, la quantité de feuilles utilisées et le temps d'infusion interviennent sur ce paramètre. n

Conférence organisée par l'INRA 1- Cao H et al. « J Agric Food Chem » 2007 ; 55 : 6372-378.
2- Roussel AM et al. « Polyphenols and Health » 2007 ; 3 : 247.
3- Cao H et al. « J inflamm » 2007b ; 4 : 1.
4- Fukino Y et al. « J Nutr Sci Vitaminol » 2005 ; 51(5) : 335-42.
5- Moon HS et al. « Chem Biol Interact » 2007 ; 167(2) : 85-98.
6- Berube-Parent S et al. « Br J Nutr » 2005 ; 94 : 432-36.
7- Nagao T et al. « Am J Clin Nutr » 2005 ; 81 : 122-129.
8- Diepvens K et al. « Br J Nutr » 2005 ; 94 : 1026-34.

> Dr Denise Caro

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8326