LA RÉFÉRENCE ABSOLUE est, et restera probablement longtemps, l'enregistrement filmé au Bayerische Staatsoper à Munich en septembre 1983 dans la production éternelle d'August Everding, metteur en scène attitré de cette scène à son apogée durant l'ère directoriale de Wolfgang Sawallisch. C'est celui-ci qui dirige le merveilleux orchestre maison et la plus belle distribution que l'on ait pu réunir à l'époque : la regrettée Lucia Popp, la plus exquise des Pamina, Wolfgang Brendel, Papageno, Kurt Moll, au sommet de sa carrière en Sarastro, Edita Gruberova, Reine de la Nuit pulvérisant ses airs comme personne, en Tamino, Francisco Araiza, d'absolue première fraîcheur, et, dans les rôles plus modestes, on trouve les noms des jeunes espoirs de la troupe de cette Maison qui sont aujourd'hui de grands noms. Everding joue la carte la plus raisonnable et traditionnelle pour mettre cet opéra, comme Mozart l'avait voulu, à la portée de tous les publics (1).
La parution de cette référence absolue périme « la Flûte » du Metropolitan Opera de New York enregistrée en 1991 sous l'excellente direction de James Levine, dans le spectacle mythique de David Hockney, moins poétique cependant que celui qu'il avait réalisé pour le Festival de Glyndebourne dans les années soixante-dix qui a fait aussi l'objet d'un DVD (Warner) compromis, hélas ! par une distribution faiblarde. Les chanteurs de cette « Flûte » new-yorkaise sont, soit en fin de course (Kurt Moll, Francisco Araiza comme à Munich mais plus tard), soit anecdotiques comme, Kathleen Battle, Manfred Hemm) ; seuls subsistent la Reine décapante de Luciana Serra et le Monostatos impayable d'Heinz Zednik (2).
A ne pas mettre entre toutes les mains.
Mais, nous voici offert un des plus beaux spectacles du palais Garnier de ces dernières années. « La Flûte » montrée dans l'absolue splendeur de la fable maçonnique, dans ses aspects les plus comiques et profonds à la fois. Benno Besson et Jean-Marc Stehlé ont restitué le style des décors à l'ancienne avec tous les acquis de la technologie et des effets spéciaux pour créer la magie. La distribution est la meilleure possible en 2001 : Piotr Beczala, Dorothea Röschmann, Detlef Roth, Matti Salminen, Désirée Rancatore , Uwe Peper et à la baguette, Iván Fischer qui met leurs coeurs à nu. Un trésor ! (3). Dernier paru, le spectacle filmé en 2007 à l'Opernhaus de Zürich sous la direction de Nikolaus Harnoncourt et réalisé par le metteur en scène Martin Kusej. A ne pas mettre entre toutes les mains : on peut ne pas être d'accord avec ce dépouillement glacé et l'esprit de secte qui semble animer les « éclairés » de Sarastro. Mais il y a une telle force dramatique dans la direction d'acteurs et dans la continuité, des éléments si convaincants dans la distribution comme le Papageno plus vrai que nature et jusqu'auboutiste de Ruben Drole, la Pamina si investie de Julia Kleiter, la Reine pyrotechnique d'Elena Mosuc (la Tamino de Christoph Strehl, hélas !, ne chante pas bien) et surtout l'incroyable énergie et le sens du détail scénique qu'y met Harnoncourt, que l'on baisse vite les armes et consacre cette « Flûte » comme un des meilleurs spectacles de l'année écoulée (4).
(1) 1 DVD Deutsche Grammophon/Universal série Unitel (2) 1 DVD Deutsche Grammophon/Universal série The Metropolitan Opera (3) 1 DVD TDK (distribution Intégral). (4) 2 DVD Deutsche Grammophon/Universal.
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