ALORS QUE la couverture vaccinale en France est surveillée chez les enfants de moins de 6 ans, elle ne bénéficie d'aucun contrôle systématique au niveau national au-delà de cet âge. Une enquête de 1987 (SESI-INSEE) montrait que 10 millions d'adultes n'avaient jamais été vaccinés contre le tétanos et 17 millions contre la poliomyélite. «La disparition progressive dans la mémoire collective de la gravité des maladies prévenues par la vaccination et l'apparition d'une certaine méfiance vis-à-vis des vaccins ralentissent l'amélioration de la couverture vaccinale», soulignent les auteurs d'une étude publiée dans le « BEH » (n° 9/2008). Parallèlement, expliquent-ils, avec la raréfaction de ces maladies, «la fraction de la population exposée et ne les ayant pas contractées naturellement augmente, y compris parmi la population âgée, qui représentera en 2015 un quart de la population française». Or leur protection dépend exclusivement de la vaccination.
L'étude qu'ils ont conduite au centre de vaccination de l'institut Pasteur de Paris chez 660 sujets âgés de 60 à 97 ans (moyenne 76,6 ans) venus se faire vacciner contre la grippe entre le 13 octobre et le 10 décembre 2006 confirme la baisse de la couverture vaccinale, en particulier pour la poliomyélite et la diphtérie. Hors contexte de voyage, le centre parisien joue un rôle de proximité, avec une fréquentation majoritairement parisienne (83 %). L'étude présente probablement un biais de sélection, mais celui-ci conduit plutôt à une sous-évaluation de la proportion des personnes non à jour de leur vaccination. La population du centre est sans doute mieux vaccinée que la population générale. Pourtant, 58 % et 72 % des 60 ans et plus n'étaient pas à jour de leur vaccination contre la poliomyélite et la diphtérie au moment de l'enquête. En revanche, la couverture vaccinale contre le tétanos tendait à se maintenir à un niveau élevé, avec 77 % de personnes vaccinées. Le risque de contracter ces maladies n'étant pas nul, «l'utilisation des vaccins combinés à triple valence (dTP) à l'occasion de la vaccination grippale permettrait d'améliorer la couverture vaccinale contre ces trois maladies», indiquent les auteurs. Une sensibilisation des personnes âgées et des médecins généralistes au contrôle leur semble nécessaire.
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