Allô parents-bébés

Un Numéro Vert pour aider les jeunes parents

Publié le 11/02/2008
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UN CORDON ombilical qui se prolonge en cordon de téléphone : l'image de l'affiche n'est pas très heureuse mais elle traduit bien le message de l'association Enfance et Partage, qui lance un Numéro Vert gratuit et anonyme*.

Allô parents-bébé, le premier Numéro Vert d'aide et de soutien à la relation parents-bébé, a trois missions : écouter, conseiller, orienter. Une équipe de six personnes, des professionnels de la santé et de la petite enfance, a été spécifiquement formée pour répondre aux questions des parents, «dès la grossesse et jusqu'aux 2ans de l'enfant». Avec un mot d'ordre, celui de «soulager et pas de juger», insiste la marraine de l'opération, la présentatrice de D&CO (M6), Valérie Damidot. La démarche de l'association Enfance et partage, déjà à l'origine d'un Numéro Vert pour défendre l'enfance maltraitée (0800.05.1234), est de s'engager dans la prévention parce qu' un bébé secoué peut garder des séquelles toute sa vie», souligne le président de l'association, Christian Gautier. On estimerait à trois cents par an le nombre de bébés secoués.

Une violence qui touche tous les milieux.

Allô parents-bébé s'appuie sur un comité éthique et scientifique composé notamment des Prs René Frydman, chef de service de gynécologie-obstétrique-reproduction de l'hôpital Antoine-Béclère (92) et Israël Nisand, coordonateur du pôle gynéco-obstétrique des hôpitaux universitaires de Strasbourg. «La violence à l'enfant est un sujet qui touche tous les milieux. Elle est difficilement prévisible», estime le Pr Nisand, qui incrimine «l'évolution de la structure des familles, le défaut de transmission de mère en fille, la plus grande sensibilité des jeunes parents à la frustration qu'entraîne la maternité».

Face au désarroi et à l'incompréhension, les deux membres du comité insistent sur la nécessité de pouvoir répondre aux parents en les guidant. Ils ne manquent toutefois pas de s'interroger sur la pertinence du numéro d'aide. «On constate que les enfants secoués le sont beaucoup la nuit, lorsque les parents fatigués sont à bout, explique Israël Nisand . Je crois à la parole comme antidote à la violence. Mais, dans la panique, je me demande si les parents vont avoir la présence d'esprit de téléphoner.» D'autant que le numéro, qui bénéficie du soutien financier d'entreprises privées, fonctionne essentiellement le jour, du lundi au vendredi, de 10 heures à 13 heures et de 17 heures à 21 heures.

«Nous allons être très vigilants. Ce numéro d'aide peut être un observatoire qui nous permette de mieux comprendre les besoins des parents», ajoute le Pr Frydman.

Cependant, le spécialiste de la fécondation in vitro ne peut s'empêcher de penser à toutes ces jeunes mamans qui sortent de la maternité dans un tel état de précarité qu'elles n'ont même pas accès à un téléphone.

* Allô parents-bébé au 0.800.00.3456. Un site Internet, alloparentsbebe.org, est également ouvert. Les affiches et les dépliants sont distribués dans les PMI et les maternités.

Les primipares plus fragiles

Selon une interview réalisée pour le compte d'Enfance et Partage, en janvier 2008, sur 100 femmes enceintes et 400 mères de bébés, les jours passés à la maternité après accouchement sont au nombre de 4,6 en moyenne. La moitié des mères de bébés de 0 à 18 mois sont inquiètes à l'idée de ne pas savoir pourquoi leur bébé pleure ou de ne pas avoir les bons réflexes en cas d'urgence. Ces inquiétudes sont plus présentes chez les mères primipares qui sont 36 % à redouter l'idée de ne pas pouvoir rester calme face aux pleurs de leur bébé. Vingt-quatre pour cent des mères se sentent souvent désemparées face aux réactions de leur bébé et 13 % d'entre elles se déclarent très agacées par ce comportement. Parmi ces femmes, 17 % déclarent ne pas avoir su vers qui se tourner pour trouver de l'aide et des conseils.

> STÉPHANIE HASENDAHL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8309