ROSELYNE BACHELOT veut agir vite, tout en privilégiant d'abord le «sens des responsabilités» des protagonistes. C'est le sens des quatre mesures visant à diminuer la prévalence de l'obésité et du surpoids, notamment chez les enfants, qu'elle vient d'annoncer.
Il est d'abord question de supprimer la publicité pour certains aliments pendant les programmes télévisés destinés aux enfants. Une mesure qui doit être effective en avril prochain, assure la ministre, laquelle réunira début mars pour concertation les pouvoirs publics (ministères de l'Agriculture et de l'Economie, Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), des représentants de l'industrie agroalimentaire, des annonceurs, des consommateurs, et des experts (en pédiatrie, en marketing, des universitaires, des psychologues de l'enfant…). La ministre souhaite en effet faire prévaloir en premier lieu «l'autodiscipline». Mais, en cas d'échec de cette phase volontariste, qui sera évaluée en mai, elle proposera «des mesures législatives d'interdiction».
La loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique prévoit déjà que les messages en faveur des boissons avec ajouts de sucre, de sel ou d'édulcorant de synthèse et des produits alimentaires manufacturés soient accompagnés d'une information à caractère sanitaire. Plusieurs études menées par l'INPES (Institut national de promotion et d'éducation pour la santé) montrent que cette information est très bien acceptée par les consommateurs (voir encadré).
Pour diminuer encore la consommation de sucre, la ministre veut convaincre les enseignes de la grande distribution de ne plus disposer de confiseries et de sucreries devant leurs caisses. Une concertation est également prévue sur ce sujet. Elle réunira les représentants des industries alimentaires, des associations de consommateurs et des ministères concernés, avec pour objectif d'aboutir à un retrait effectif d'ici à la fin du mois de juin.
La troisième mesure concerne les cantines scolaires. Une étude menée par l'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) en 2005 et 2006, à la demande des ministères de la Santé et de l'Agriculture, révèle que 45 % seulement respectent les recommandations nutritionnelles de la circulaire interministérielle de juin 2001 relative à la composition des repas servis en restauration scolaire. Une «évolution réglementaire» sera proposée pour la prochaine rentrée. Elle s'appuiera sur les recommandations du groupe d'étude des marchés de restauration collective et de nutrition, qui visent à améliorer la qualité des repas sans surcoût.
Enfin, les ministres de la Santé, de l'Agriculture et de l'Economie mettent en place un observatoire de la qualité alimentaire, l'OQALI, qui devra suivre l'évolution de la qualité de l'offre alimentaire, sur le plan nutritionnel et sur le plan socio-économique aussi. La DGAL (Direction générale de l'alimentation, ministère de l'Agriculture) et la DGS (Direction générale de la santé) y contribueront chacune, dès cette année, à hauteur de 450 000 euros.
Selon deux études récentes*, la prévalence de l'obésité et du surpoids chez les adultes reste préoccupante dans notre pays (16,9 %). Pour les enfants de 3 à 17 ans, on constate un ralentissement de l'augmentation de ces prévalences (3,5 % pour l'obésité, 14,3 % pour le surpoids). Chez les petits de 7 à 9 ans, les chiffres restent stables (prévalence du surpoids à 18,1 % et de l'obésité à 4 %). «Ces résultats sont encourageants, mais on ne peut s'en contenter», estime la ministre. Pour sa part, le collectif Obésité : protégeons nos enfants, qui réunit six associations, dont l'UFC-Que Choisir et l'AFD (Association française des diabétiques), se réjouit du lancement d'une «véritable politique de lutte contre l'obésité infantile», qui, estime-t-il, survient «après trente ans de passivité des pouvoirs publics».
* L'Enquête nationale nutrition santé (ENNS), réalisée par l'InVS (Institut national de veille sanitaire), et l'étude de l'Institut national du cancer (INCA), menées en 2006-2007.
Message reçu
Depuis le décret du 27 février 2007, des messages sanitaires accompagnent les publicités pour les aliments et les boissons à la télévision, la radio, dans les journaux et sur les affiches ou certaines brochures de la grande distribution. En octobre dernier, l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) a chargé l'institut de sondage BVA de réaliser une enquête pour mesurer l'impact de ces messages. Plus de mille personnes ont été interrogées, dont 400 enfants de 8 à 14 ans. Philippe Lamoureux, directeur général de l'INPES, se réjouit d'abord de l' «adhésion massive» de l'opinion publique à ces messages : 87 % des personnes interrogées s'y sont déclarées favorables. Et 71 % se souviennent bien des messages avec, en tête, le repère des « cinq fruits et légumes par jour ». Et les recommandations sont suivies par une minorité non négligeable : 21 % des 15 ans et plus assurent avoir modifié leurs habitudes alimentaires, 17 % leurs comportements d'achat. L'enquête révèle également la notoriété «exceptionnelle» du site mangerbouger.fr auprès des enfants (60 % des moins de 15 ans).
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