EN CORSE, COMME DANS un certain nombre de régions françaises, le niveau de la démographie médicale ne permet certes pas le classement en zone déficitaire en offre de soins mais présente néanmoins un certain nombre de secteurs fragiles.
Cette fragilité démographique de la Corse rend notamment extrêmement difficile la réalisation d'un stage de médecine générale pour les étudiants de 3e cycle. Quelques exemples suffisent pour illustrer le problème : le lieu de stage est imposé par les facultés de rattachement, si bien que la Corse-du-Sud dépend de la faculté de Marseille, tandis que la Haute-Corse relève de celle de Nice, sans interrelations entre ces deux facultés ; les frais de transport des étudiants devant se rendre dans leur faculté pour y suivre les cours obligatoires sont élevés du fait de la distance et du caractère insulaire de la Corse ; les étudiants qui voudraient effectuer un stage en Corse rencontrent de grandes difficultés d'hébergement…
Partenariat.
C'est en partant de ce constat que l'Union régionale des médecins libéraux (URML) de Corse a décidé de lancer un projet de partenariat autour de la mise en place de stages de 3e cycle d'études médicales.
Selon le Dr Frédéric Leccia, vice-président de la section généraliste de l'URML de Corse, l'objectif de ce projet est de faciliter le déroulement des stages de 3e cycle, «avec une équipe de maîtres de stage motivés et bien formés. Il devenait urgent d'harmoniser et de restructurer le déroulement de ces stages trop souvent délaissés par les étudiants, car ils imposent trop de contraintes géographiques, matérielles et financières», la fonction de l'URML dans ce projet étant de faciliter et de coordonner ces stages.
Ce projet, réalisé en partenariat avec l'Union régionale des caisses d'assurance-maladie (URCAM) de Corse, les deux conseils généraux de l'île et les facultés de médecine de Marseille et de Nice, se veut ambitieux. Une première journée de formation pour les médecins généralistes maîtres de stage a eu lieu au début de l'été dernier pour initier leur formation et une autre journée aura lieu en mars prochain afin de disposer de maîtres de stage «bien formés et motivés», selon l'expression du Dr Leccia. Mais, au-delà de la formation de ces maîtres de stage, le projet a notamment pour but d'offrir aux stagiaires une indemnité de transport et de logement de 2 286 euros par semestre, majorée de 300 euros, si le stage est effectué en zone rurale ; de mettre à la disposition des stagiaires des logements à loyers attractifs ; mais aussi de mettre à la disposition des étudiants un lien Intranet sur le site de l'URML (www.urml-corse.org), «constituant, assure le Dr Leccia, une véritable interface entre les étudiants et les médecins généralistes».
Tous ces objectifs ont été rendus possibles par la signature d'un contrat d'objectifs et de moyens sur trois ans entre l'URML, la collectivité territoriale de Corse et les deux conseils généraux de Corse, avec versement d'une subvention d'un montant total de 34 000 euros. Pour le Dr Leccia, ces financements devraient être suffisants, «car ce projet est d'un coût financier modeste et est plutôt fondé sur une approche rationnelle du problème, avec mise en place d'une véritable synergie entre tous les acteurs».
Un projet pilote.
L'objectif de ces mesures est clair. Il s'agit par ces stages de favoriser à terme l'installation de médecins généralistes en territoire corse. Et, pour le Dr Leccia, il est évident que «le développement d'un véritable partenariat entre internes et médecins généralistes peut être décisif quant au choix du lieu d'installation, alors que, actuellement, l'arsenal d'aides financières et de mesures incitatives sur les conditions d'exercice n'a montré qu'une influence modérée sur la réduction des inégalités territoriales».
Mais, sans attendre ces résultats, ce projet aura déjà permis la mise en place d'une collaboration inédite entre les deux universités limitrophes que sont Nice et Marseille.
«Ce que nous sommes en train de mettre en place, conclut le Dr Leccia , peut constituer un projet pilote pour le développement de stages éloignés en 3ecycle d'études médicales, dans toutes les zones où se posent des problèmes de démographie médicale.»
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature