Accompagnement des diabétiques

La CNAM lance l'expérimentation « Sophia »

Publié le 23/01/2008
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« SOPHIA », Ç'EST LE NOM DE code choisi par l'assurance-maladie pour son nouveau service d'accompagnement des malades chroniques.

Dans un premier temps, le service gratuit Sophia sera expérimenté avec 136 000 patients diabétiques volontaires (admis en ALD et âgés de 18 ans et plus) et 6 000 médecins traitants dans 10 départements pilotes (« le Quotidien » du 14 janvier). «C'est un enjeu de santé publique majeur», a expliqué le patron de la Sécu, Frédéric Van Roekeghem, lors d'une conférence de presse de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM). Enjeu économique aussi, puisque les dépenses de soins des personnes diabétiques sont déjà passées de 3,7 milliards d'euros en 1994 à 11 milliards aujourd'hui. Elles pourraient même atteindre «20milliards d'euros à l'horizon 2015», pronostique la CNAM. S'inspirant d'expériences étrangères, l'expérimentation qui commence devrait permettre de «rendre les patients plus acteurs de leur pathologie», a précisé Frédéric Van Roekeghem. En y investissant environ «10 millions d'euros/an», le directeur de la CNAM vise ainsi à «améliorer l'état de santé des personnes diabétiques» et à «diminuer la fréquence des complications» (rétinopathies, amputations du pied, risques cardio-vasculaires…), tout en «réduisant le coût pour la collectivité». Pour le Pr Hubert Allemand, médecin-conseil national de la CNAM et président du comité scientifique de Sophia, ce programme est à la fois «très ambitieux et très humble», dès lors qu'il se borne à «valoriser l'existant», comme les réseaux diabète, les maisons du diabète ou les spécialistes.

Plate-forme téléphonique.

En pratique, les 6 000 médecins traitants concernés dans les 10 départements pilotes (1) seront informés par courrier en février. Puis les caisses primaires proposeront aux 136 000 patients diabétiques en ALD ciblés d'adhérer au programme Sophia à partir du mois de mars. Les malades volontaires (qui pourront se rétracter à tout moment) recevront en retour des outils pédagogiques (magazine trimestriel, Post-it « pense-bête » pour des rendez-vous et examens de suivi…). Un serveur vocal de renseignements (0811.709.709) deviendra à partir de septembre 2008 une plate-forme téléphonique pour les adhérents de Sophia. Plusieurs dizaines d'infirmières, recrutées par l'assurance-maladie et spécifiquement formées, proposeront alors aux malades diabétiques «un accompagnement téléphonique personnalisé» en fonction de leur état de santé (appels entrants et/ou sortants pour des services de «conseil, d'écoute et d'information»). La CNAM veut «créer des contacts réguliers toutes les six semaines et dans la durée». Ultérieurement, les caisses offriront d'autres services en ligne sur un site Internet.

Gérard Raymond, président de l'Association française des diabétiques (AFD), souligne qu'il s'agit bien d'un simple accompagnement pour favoriser l'élaboration d'un «schéma de vie» par le patient (activité physique, alimentation…), et non un «schéma de soins» propre à l'éducation thérapeutique. Le président de l'AFD mise sur Sophia pour «l'amélioration des pratiques des médecins traitants», amenés à suivre, conseiller, orienter, évaluer et coordonner une équipe de professionnels.

Chaque médecin traitant impliqué dans Sophia touchera 2C (44 euros) à l'entrée d'un patient diabétique dans le dispositif, puis 1C par an. Il sera aussi régulièrement informé sur l'accompagnement de son patient. «Le médecin traitant va pouvoir s'investir davantage dans la prise en charge quotidienne au-delà du soin pur», fait valoir le Dr Michel Combier, à la tête de l'UNOF, la branche généraliste du syndicat CSMF (signataire de l'avenant conventionnel n° 12 qui a prévu cette action de prévention). « On va pouvoir repérer, apporter un service et ensuite mieux orienter le patient, ajoute le Dr Combier. Si ce projet marche, il faudra envisager l'accompagnement d'autres pathologies: maladies cardio-vasculaires, cancers.»

La CNAM envisage déjà une éventuelle généralisation du programme Sophia après son évaluation qui sera effectuée pendant deux ans à compter de 2010.

En attendant, le Dr Michel Varroud-Vial a apporté son «soutien» à l'expérimentation Sophia au nom des réseaux diabète, même s'il sait par expérience qu' «il faut souvent huit à dix ans pour infléchir les complications» chez un patient diabétique coaché.

(1) Alpes-Maritimes, Loiret, Puy-de-Dôme, Sarthe, Seine-Saint-Denis et cinq départements en Midi-Pyrénées (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Tarn).

> AGNÈS BOURGUIGNON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8296