L'ANNÉE 2007 aura été fructueuse. C'est du moins l'avis des experts chargés de réfléchir à la création d'un indicateur permettant à chacun de gérer son capital santé de manière interactive, à l'aide d'un questionnaire détaillé. «Nous avons réfléchi aux bases d'un questionnaire qui engendrerait une nouvelle attitude, un changement de comportement de la personne face à sa santé», indique le Dr Marc Salomon, directeur du département santé de CRM Company Group. «Pour ce questionnaire, nous avons défini quatre grands axes: un axe médical, différent des questionnaires médicaux classiques; un axe relatif aux conditions socio-économiques, regroupant des domaines tels que l'isolement, l'autonomie, l'habitat...; et aussi deux autres axes liés aux comportements et à la perception que chacun a de sa santé et de la notion de plaisir.»«Nous nous sommes aussi attachés à ce que tous les items retenus soient scientifiquement validés », poursuit le Dr Salomon.
Le questionnaire devait être facile d'accès, plaçant la personne dans une démarche personnelle et responsable de la gestion de sa santé. En mettant l'accent sur la dimension constructive d'une telle initiative. «Nous ne voulions surtout pas créer un indicateur de risques qui prédirait ce qui arriverait à l'individu dans les vingt ans à venir s'il ne prend pas sa santé en main», note le Dr Salomon.
La construction de l'indicateur n'a pas été simple. «Quelle part accorder à la génétique, aux comportements ou à l'environnement dans le questionnaire? Quelle est celle des conditions socio-économiques et du niveau d'éducation? Quelle part attribuer à la qualité de vie, au plaisir, au bonheur et au ressenti?» Autant de questions, parmi d'autres, sur lesquelles les experts ont dû trouver un consensus.
Un guide responsabilisant le grand public.
L'outil, baptisé « indicateur de la gestion dynamique de son capital santé », devrait être finalisé durant l'année 2008. Avant d'en définir les conditions de déploiement, un support et un test à grande échelle devront être mis en place. «Nous souhaitons que chacun puisse s'approprier notre indicateur. Tout en respectant, bien sûr, les règles générales définies par la santé publique, souligne Robert Rochefort, directeur général du CREDOC (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie). Nous tenons aussi à montrer au grand public que le plus important, ce n'est pas le capital santé, mais la manière dont on le gère, explique-t-il. Un juste équilibre est nécessaire entre une gestion médicalisée et non médicalisée (comportementale) de sa santé. Nous souhaitons qu'un maximum de personnes puissent entrer dans cette démarche. Pour cela, nous devons penser à leur suivi en adoptant une logique de responsabilisation et non de culpabilisation. Cette transformation des comportements individuels faceà la santé prendra du temps.»
Pour décrire l'esprit de cet indicateur, Robert Rochefort ne manque pas d'imagination. «Tel un GPS, notre indicateur proposera un chemin aux personnes souhaitant gérer leur capital santé sans le leur imposer. En partant d'un endroit précis et en indiquant à tout moment la présence d'un radar, c'est-à-dire d'un comportement à éviter. Ce guide ne sera ni rancunier ni culpabilisant, même si la personne se trompe de voie dans la gestion de son capital santé.»
Si Didier Tabuteau, directeur de la chaire santé de Sciences-Po à Paris, estime qu' «un indicateur du capital santé, à titre individuel, est très utile et que l'amélioration du capital santé collectif est une nécessité», il met en garde contre «l'utilisation du capital santé individuel à des fins collectives, ce qui peut engendrer de multiples discriminations. Notamment, si cet indicateur devient accessible ou exigé par un employeur, un assureur ou dans le cadre d'une procédure juridictionnelle. On passerait alors de la responsabilisation à la subordination de l'individu à son capital santé».
Quant à Alain Trannoy, directeur d'études à l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), il estime qu'un tel indicateur «aidera le grand public à prendre conscience de la façon dont il peut améliorer, dans le temps, la gestion de son capital santé». L'objectif étant, pour le Pr Jean-Louis San Marco, ancien président de l'INPES (Institut de prévention et d'éducation en santé), de faire «confiance à l'individu tout en le guidant. Car c'est la base de la prévention».
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