POURQUOI LES PRIX augmentent-ils alors que les autorités financières de tous les pays disposent désormais des techniques et moyens propres à contenir l'inflation ? Principalement parce que les effets de la mondialisation s'atténuent chaque jour. En effet, parmi de nombreux effets alarmants, elle avait au moins une conséquence positive : les importations en provenance des pays émergents se sont traduites pendant près de dix ans par une baisse des produits manufacturés, soit parce que la concurrence asiatique est imbattable, soit parce que les producteurs dans les pays qui importent sont obligés de s'aligner sur les prix de l'étranger.
L'explosion de la demande.
Mais, d'une part, même dans les pays émergents, on est bien obligé, tôt ou tard, d'augmenter les salaires et les coûts de production ; et, d'autre part, nos concurrents asiatiques ou autres ne sont pas seulement des exportateurs : pour produire, ils doivent importer beaucoup. La demande chinoise, par exemple, a explosé : demande en énergie, en matières premières et aussi en produits alimentaires. Au point que les marchés de l'alimentation de l'Europe et des Etats-Unis, traditionnellement excédentaires (ce qui a parfois posé d'hallucinants problèmes de stockage), sont devenus déficitaires. La rareté du beurre, du lait, des fromages, des céréales a entraîné de très vives hausses depuis la fin de l'année dernière, avec un impact direct sur l'indice, car l'alimentation est l'un des tout premiers postes qui le composent.
Le retour de l'inflation est d'autant plus détestable que, déjà, les Français estimaient que leur pouvoir d'achat avait été largement entamé, que l'évolution de l'indice ne correspondait pas aux hausses telles qu'ils les ressentaient et que le gouvernement était impuissant dans la lutte en faveur de leur pouvoir d'achat. Ils continueront donc à se plaindre, car les experts affirment que les prix vont encore augmenter. L'aspect positif de l'affaire, c'est que, à un niveau élevé de prix, nos produits deviennent compétitifs, ce qui nous donne un atout relatif dans l'effort de redressement de notre balance commerciale, dont le déficit a été d'une quarantaine de milliards en 2007. Une revalorisation du yuan chinois, un ralentissement de la croissance en Chine, l'inflation élevée qui sévit dans ce pays et nuit, en conséquence, à sa compétitivité, devraient ramener quelques fondamentaux à l'équilibre.
Mais cela ne va pas durer. Notre inflation est importée, elle ne correspond pas à une trop vive augmentation des salaires. De sorte qu'un ralentissement de la demande et de la production en Asie mettra un terme à la hausse des prix.
L'INFLATION NE DURERA PAS, MAIS RISQUE DE FAIRE DES RAVAGES EN PEU DE TEMPS
Plusieurs problèmes.
Il n'empêche que l'année 2008 commence sous de bien sombres auspices. La crise de confiance provoquée par l'affaire des subprimes continue à pousser les marchés financiers à la baisse et même à la dégringolade depuis le début de la semaine ; la Banque centrale européenne, dont la mission première est d'empêcher l'inflation, semble désarmée contre un indice qui a dépassé de plus d'un point en Europe le taux de 2 % qu'elle tolère. Ses moyens (baisse des taux, assèchement du crédit) sont en effet susceptibles de déclencher une récession. Jean-Claude Trichet, président de la BCE, devra régler son dispositif d'une manière extrêmement subtile pour arrêter l'inflation sans déclencher une crise économique et financière de première grandeur.
En général, on estime que la croissance sera extrêmement faible, sinon négative, au premier semestre. Elle devrait repartir au début du second semestre. En tout état de cause, les prévisions budgétaires du gouvernement, bâties sur des estimations exagérément optimistes (un baril de pétrole à 70 dollars, une inflation de 2 %, une balance commerciale améliorée) seront balayées par la crise. Le redressement de l'économie française, celui de notre commerce extérieur, la stimulation de la croissance pour acquérir «ce point supplémentaire qui nous manque»(dixit Sarkozy), ne sont pas pour bientôt.
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