IL Y A FORCÉMENT un manque d'information. Pour la fondation Greffe de vie, qui publie un livre de photos, « Don du vivant, l'amour en partage », c'est la seule explication qui permet d'expliquer ce paradoxe : bien que la greffe de rein à partir d'un donneur vivant apparenté (DVA) donne de meilleurs résultats à long terme, celle-ci reste trop peu pratiquée en France*. En 2006, seulement 246 des 2 728 transplantations rénales réalisées en France ont été faites à partir d'un donneur vivant, soit 9 %, contre 17 % en moyenne en Europe ou 38 % aux Etats-Unis. «En France, le prélèvement sur mort cérébrale est préféré, contrairement aux Etats-Unis, où le donneur vivant est toujours privilégié», indique le Pr Christophe Legendre, chef du service de transplantation rénale adulte à l'hôpital Necker (Paris). Le principe français du «respect absolu du donneur» prime. Il faut, en effet, imaginer la «tension psychologique» du chirurgien dont parle le Dr Arnaud Méjean, urologue à l'hôpital Necker : «En chirurgie, on n'atteint jamais le risque zéro. Face à un donneur vivant, nous nous devons d'optimiser le geste chirurgical pour en limiter la morbidité.» Et c'est justement cet argument que reprend le Pr Legendre pour expliquer les «meilleurs résultats, à long terme», que donne la greffe sur DVA, «dans tous les pays» : «On fait appel aux meilleurs chirurgiens.»
Un gain personnel et collectif.
Deux autres raisons sont invoquées : d'une part, la réduction du temps de dialyse (dialyse qui provoque une accélération du vieillissement des artères du receveur) et, d'autre part, la transplantation d'un greffon de meilleure qualité. «C'est aux médecins de parler de cette possibilité. L'information doit être donnée longtemps à l'avance, au malade et à ses proches», conseille le Pr Legendre.
Aujourd'hui, l'opération pour le prélèvement du rein du donneur vivant se fait principalement sous coelioscopie, observe le Dr Méjean. «Cette technique, qui entraîne une moindre perte de sang que la lombotomie, est plus esthétique. Par ailleurs, le bénéfice est très important sur la récupération», ce qui permet de réduire les analgésiques postopératoires, les jours d'hôpital et de convalescence. Un gain personnel et collectif, donc, doublé d'une stratégie de lutte contre la pénurie d'organes.
Le livre de photographies édité par la fondation Greffe de vie, avec le soutien du groupe Roche, est consacré aux parcours de donneurs et receveurs de reins. En 2008, la fondation organisera des expositions itinérantes dans les établissements hospitaliers, reprenant les photos du reporter-photographe Eric Bouvet.
Le livre « Don du vivant, l'amour en partage » est disponible auprès de la fondation Greffe de vie, 01.48.07.44.32 ou greffedevie.fr (29,90 euros + 12 euros de frais de port).
Les dons croisés : encore impossibles en France
Lorsqu'un don d'organe à un proche n'est pas possible pour des raisons d'incompatibilité, il est possible à deux « couples » dans la même situation et présentant une compatibilité croisée d'envisager un « don croisé ». Interdite par la loi de bioéthique, cette technique est pratiquée aux Etats-Unis depuis quelques années. Aujourd'hui, en France, outre les parents, sont autorisés par dérogation à se porter volontaires pour un prélèvement d'organes : les frères et soeurs du receveur, ses enfants, ses grands-parents, ses oncles ou tantes, ses cousins germains, le conjoint de son père ou de sa mère et toute personne justifiant d'au moins deux ans de vie commune avec lui.
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