EN 2006, QUELQUE 65 000 usagers de drogues ont bénéficié d'une prise en charge, soit moins de la moitié des consommateurs d'opiacés. L'étude de la fréquentation des 266 centres de soins spécialisés en toxicomanie (CSST)* fait état de 32 % de primo-consultants, âgés en moyenne de 28,3 ans (27,9 ans en 2005), indique le rapport annuel de l'OFDT. Près de la moitié (47 %) ont des problèmes dus au cannabis, 41 % aux opiacés et 6 % à la cocaïne. Dans 29 % des cas, une injonction de la justice ou de la police justifie la démarche contre 26 % l'année précédente.
Bien que la loi du 5 mars 2007 sur la prévention de la délinquance, avec son décret du 26 septembre instaurant des stages pédagogiques de sensibilisation aux dangers des drogues**, ne soit pas encore entrée dans les faits, il souffle un vent répressif sur la toxicomanie illicite. En 2005, la chancellerie recense 13 104 condamnations pour usage, en hausse de 55,3 % en un an. Ces condamnations représentent 36 % de l'ensemble des infractions à la législation sur les stupéfiants (ILS) ayant fait l'objet d'une sanction pénale. Sur 39 790 détenus condamnés, 14,4 % l'ont été pour ILS. L'usage simple est aussi le motif de la très grande majorité (85 %) des 93 817 interpellations enregistrées l'an dernier. Parallèlement, en 2005, on compte 6 085 condamnations pour conduite sous l'empire de substances illicites, seules ou associées à l'alcool contre 601 en 2004. En 2008, ces chiffres pourraient encore grimper avec la mise en place de tests salivaires. Quoi qu'il en soit, la toxicomanie reste une préoccupation avant tout sanitaire. En 2005, «entre 605 et 668millions d'euros auraient été consacrés aux traitements des pathologies concernant l'abus de drogues» non autorisées. La part de l'hôpital serait de l'ordre de 285 millions d'euros et celle de la médecine de ville de 350 millions d'euros. L'ardoise sociale avait été évaluée en 2000, par Kopp et Fenoglio, à 0,18 % du PIB, à comparer aux 3,05 % pour le tabac et 2,37 % pour les boissons alcooliques.
* On compte 209 centres ambulatoires, 41 centres avec hébergement collectif et 16 centres en milieu pénitentiaire, auxquels s'ajoutent, pour les détenus, 5 unités de soins destinées aux sortants, à titre expérimental, et 3 centres de cure ambulatoire en alcoologie.
** Il s'agit d'une sanction pénale, applicable en 2008, visant l'usager pris en flagrant délit, peu ou pas encore dépendant, échappant au dispositif d'obligations de soins.
Substitution et mésusage
Cent un mille patients sont sous substitution : 85 000 par le Subutex (buprénorphine haut dosage), 16 000 par la méthadone. Le Subutex «est devenu en 2005 le deuxième médicament à l'origine de falsification d'ordonnances». L'OFDT souligne l'existence d'un marché parallèle, avec un prix du comprimé de 8 mg à 3 euros, et observe un usage « toxicomaniaque » du produit chez les jeunes en errance ou parmi d'ex-héroïnomanes en provenance de l'Europe de l'Est. Pour la méthadone, le détournement, partiel ou exclusif, concerne environ 26 % des usagers.
Substitution et mortalité
La substitution, qui a contribué fortement à réduire la mortalité (57 morts en 2005, en baisse de 90 % depuis 1995), participe toutefois à celle-ci, relève l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. En 2004, son «implication concernait 38% des décès, avec en particulier l'identification de la méthadone dans plus des trois quarts des cas (Arditi et al. 2006) ».
La substitution, c'est aussi une baisse constante du nombre de nouveaux cas de sida liés aux drogues injectables, passé de 1 377 en 1994 à 98 en 2005.
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