LES PERSONNES les plus pauvres, moins couvertes par les complémentaires santé, notamment les enfants, vont moins souvent chez le médecin que la moyenne des Français, au détriment de la prévention, souligne une enquête de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE)*. Les données sont issues de l'Enquête sur la santé et les soins médicaux, réalisée entre octobre 2002 et mars 2003, avec 16 800 ménages, soit 40 000 personnes sollicitées.
Les personnes considérées comme pauvres, environ 7 millions de Français, ont un revenu inférieur à 60 % du revenu médian, soit moins de 817 euros par mois. Et 8 % d'entre elles confessent une mauvaise ou très mauvaise santé, contre 4 % dans le reste de la population et l'écart croît avec l'âge. Parmi les moins de 50 ans, ils sont 21 %, contre 17 % pour le reste de la population, à n'avoir pas consulté un généraliste au cours de l'année écoulée, et chez les enfants 20 % contre16 %. Pour la consultation d'un spécialiste, ces taux passent à 53 % (contre 40 %) et 58 % (41 %).
Se soigner revient plus cher.
L'explication est financière, bien sûr, alors même qu'il existe la couverture médicale universelle (CMU) et sa complémentaire. Mais, d'une part, les femmes et les hommes concernés ne demandent pas toujours à en bénéficier, d'autre part, leurs ressources peuvent être supérieures au plafond requis pour l'affiliation. Ainsi, 22 % n'ont pas de complémentaire santé, CMU comprise, tandis que cette proportion n'est que de 7 % parmi les autres citoyens. Se soigner revient donc plus cher aux non-couverts, sachant qu'ils ne sont pas remboursés sur la base de la Sécurité sociale obligatoire, commente l'INSEE.
Toutefois, les plus pauvres fréquentent davantage les hôpitaux : 19 % des plus de 50 ans ont été hospitalisés une fois ou plus l'année précédant l'enquête, contre 16 %. Ils se révèlent plus souvent porteurs de certaines affections : 20 %, contre 17 %, souffrent de maladies de l'appareil digestif, 11 % (6 %) de caries dentaires, et, après 50 ans, les rhumatismes et les varices, l'arthrose ou les maux de dos dominent. Chez les enfants, les caries, qui touchent 6 % des pauvres, contre 2 % du reste de la population, et l'asthme (6 % contre 4 %) constituent la préoccupation majeure.
Ni mammographie ni frottis.
La prévention en souffre. Ainsi, 34 % des femmes de plus de 40 ans appartenant à des ménages modestes n'ont jamais réalisé de mammographie, contre 19 % pour les autres, et 12 %, contre 6 %, des 20-70 ans n'ont pas eu de frottis gynécologiques. On retrouve des écarts similaires pour les tests de dépistage du VIH. «Ces différences de pratiques de prévention sont essentielles, insiste Thibaut de Saint-Pol, auteur de l'étude INSEE, dans la mesure où elles contribuent à creuser encore l'écart entre les individus les plus pauvres et le reste de la population.»
* « INSEE Première », n° 1 162, octobre 2007 (www.insee.fr).
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