FLAMBANT NEUVE et équipée de nombreuses technologies parmi les plus sophistiquées du moment, la pépinière médicale de Cochin fait naître certaines convoitises parmi les jeunes entreprises. L'une d'entre elles a su saisir sa chance : DBV Technologies, créée par un groupe de pédiatres et d'ingénieurs des Arts et Métiers. L'entreprise, née en 2002, part d'un constat simple, l'augmentation du nombre d'allergies chez les nourrissons. « D'après l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, les allergies alimentaires pourraient atteindre 8% de la population pédiatrique. Nous avons vite remarqué qu'il n'existait pas de diagnostics efficaces afin d'identifier les allergies aux protéines de lait de vaches (APLV) , les allergies alimentaires les plus fréquentes chez le nourrisson», explique Jean-François Biry, président de DBV Technologies. Un dépistage qui aurait pour intérêt principal de retarder l'entrée dans la maladie allergique.
Des patchs tests prêts à l'emploi.
En juin 2004, la société lance sur le marché français Diallertest, le premier patch test prêt à l'emploi pour tester la tolérance aux aliments chez le nourrisson. Des allergènes sont ainsi déposés sur la peau et maintenus pendant 48 heures, puis la lecture se fait 72 heures plus tard, grâce à la comparaison avec un témoin sans allergène. Mais la grande révolution se situe dans la technique employée : grâce au procédé E-patch, le lait – réduit en fine poudre à granulométrie contrôlée – contenu dans le patch est fixé en atmosphère sèche et est maintenu sur le support grâce à des liaisons électrostatiques. «Une première! Puisque la poudre contient également les allergènes non dénaturés», se réjouit M. Biry. La chambre occlusive ainsi formée sur la peau permet une augmentation de l'hydratation sous la membrane, ce qui favorise la libération des particules de la paroi du patch. Un mécanisme qui facilite également la pénétration du lait dans les couches superficielles de la peau.
Depuis sa mise en circulation, le produit est distribué dans une trentaine de pays. Et, d'ici à la fin de l'année, la jeune entreprise, qui ne manque pas de ressources, devrait mettre à la disposition des médecins d'autres moyens de diagnostiquer les allergies, comme celles au blé, aux acariens ou encore au soja. Au-delà du simple diagnostic, DBV Technologies, en partenariat avec Sofinova, propose toute une gamme de traitements à la désensibilisation alimentaire, sans choc systémique. Avec un effectif d'une trentaine de personnes, la petite entreprise ne connaît pas la crise. En 2006, son chiffre d'affaires était de 250 000 euros. Elle prévoit le double en 2007. Après avoir déposé six brevets et gagné les prix Altran et Siemens, DBV s'attaque maintenant au marché international. «Nous n'avons pas de concurrent sur ce marché à l'heure actuelle en France ni à l'étranger», affirme Jean-François Biry. Prochain objectif : passer, dans quatre ans, de 80 000 à 1 million de produits distribués. «Avec un grand coup de pouce de la pépinière, qui nous facilite l'accès à moindre coût à des moyens biotechnologiques inégalables.»
La pépinière Cochin inaugurée
Totalement blancs du sol au plafond, ses locaux en seraient presque aveuglants. Tout près de la récente Maison des adolescents, la nouvelle pépinière santé à Cochin a vu le jour officiellement en présence du maire de Paris, Bertrand Delanoë, du président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, et du directeur général de l'AP-HP, Benoît Leclercq. Avec 3 200 m2, dont 2 500 m2 de laboratoires, elle abrite sept jeunes entreprises bouillonnantes d'idées et novatrices dans le domaine de la recherche, bientôt rejointes par deux autres. Coachés par l'incubateur d'entreprises innovantes Paris Biotech Santé, qui soutient des projets de création d'entreprises dans le domaine du médicament, des dispositifs médicaux et des services aux malades, et qui a été créé en 2000 par l'université Paris-V, les jeunes talents y développent aujourd'hui des projets de recherche correspondant à des priorités de santé publique, comme la détection précoce et le traitement des cancers et maladies génétiques, le développement de vaccins pour les cancers, une nouvelle génération d'échographes ou encore le traitement de nodules de la thyroïde.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature